Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/532

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

espèces d’arbres, les vaisseaux propres sont entremêlés avec les fibres ligneuses, ainsi que les trachées ou vaisseaux à air, dont l’existence vient d’être niée par le chevalier de Mustel, dans son Traité de la végétation, mais qui sera bien démontrée au mot Trachée.

Tous ces vaisseaux sont entrelacés des productions de la moëlle, ou du tissu cellulaire qui part de la moëlle, & se rend à l’écorce, en enveloppant de ses rameaux toutes les parties que nous venons de décrire. Pour rendre ceci plus sensible, nous allons décrire exactement l’aspect que présente la coupe horizontale d’une tige de marronier de trois ans & demi : Malpighi, qui l’a observé au microscope, sera notre guide. La Fig. 3, Pl. 15, offre cette coupe. A désigne l’écorce ; on voit qu’elle est composée de huit paquets de fibres, entremêlés d’utricules. Le corps ligneux est formé des quatre cercles B, C, D, E, emboîtés les uns dans les autres. Le cercle supérieur, ou celui qui est le plus près de l’écorce, est plus épais que les autres ; mais il est moins dense & moins solide : c’est lui qui forme l’aubier. (Voyez ce mot) Les orifices des trachées G, sont plus ouverts & plus apparens. On distingue facilement les productions médullaires FL, qui partent de la moëlle, & vont se rendre à l’écorce. Le long de ces productions, & entre les paquets de fibres ligneuses, on découvre des rangs d’utricules H, qui ne vont pas toujours, sans interruption, de l’écorce à la moëlle ; il se forme, de temps en temps, de nouveaux rangs. On apperçoit encore, dans quelques endroits, des appendices I, qui ne sont que des portions des utricules transversaux. Enfin, au centre est la moëlle F, qui conserve encore les traces de la figure originelle de la jeune branche qui avoit cinq côtés.

On retrouvera cette même disposition, plus ou moins sensible, dans la coupe horizontale de tous les autres arbres. Plus le bois sera rare & léger, plus on suivra facilement toutes les parties ; mais, au contraire, s’il est dur, compacte, serré, alors il faudra la plus grande attention, & la loupe même, pour les suivre.

Il se présente ici plusieurs questions à résoudre, sur-tout deux principales. Pourquoi l’épaisseur des couches n’est-elle pas la même dans toutes, & pourquoi celles qui avoisinent la moëlle, sont-elles plus minces que celles qui approchent de l’écorce ?

On peut répondre à la première question, que la variété que l’on remarque dans l’épaisseur des couches, vient de la plus grande abondance de nourriture que l’arbre a tirée, l’année où la couche a été produite. Reprenons la Fig. 3 : nous avons quatre couches ligneuses, B, C, D, E ; les couches B & D sont plus épaisses que les couches C & E. Il n’est pas difficile de rendre raison de l’épaisseur de la couche B, puisqu’on doit la regarder comme l’aubier ou bois imparfait ; mais la couche D, placée entre les couches minces C & E, forme toute la difficulté, qui se résoudra d’elle-même, lorsque l’on fera attention qu’il peut très-bien se faire, & que tout porte à le croire, que l’année où cette couche a été formée, étant plus favorable à la végétation, que la précédente & la suivante, toutes les productions ont dû se ressentir de cette surabondance ;