Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/534

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on a donné le nom de liber. C’est à ces différens feuillets, que Malpighi attribue la production des couches ligneuses, & par conséquent, l’accroissement en grosseur des arbres. La nature, suivant cet auteur, a destiné l’écorce à deux fonctions principales : à l’élaboration de la sève, & à l’accroissement des arbres, qui se fait par l’addition des nouvelles couches ligneuses. Pour ce dernier effet, le liber est formé de plans de fibres longitudinales, destinées à porter la nourriture, tant que leur souplesse les rend propres à cet usage ; mais qui, devenues roides & fermes par l’obstruction des vaisseaux, s’attachent d’elles-mêmes, aux couches du bois précédemment formées, & produisent ainsi de nouvelles zones concentriques aux premières. D’après ces idées, Malpighi regarde le liber, comme la partie la plus essentielle de l’arbre ; puisqu’il est destiné à la préparation de sa nourriture & à son accroissement. La preuve qu’il en donne, c’est que la partie ligneuse d’un arbre, qui a été dépouillée de l’écorce, ne prend aucun accroissement. La même cause qui produit les couches ligneuses du tronc & des branches, produit aussi celles des racines. Les lames du liber les plus proches du bois, contractent avec lui une adhérence, par le moyen des productions du tissu utriculaire, & du suc ligneux qui les affermit.

II. Sentiment de Grew. Dans la partie intérieure du liber il se forme, tous les ans, un nouvel anneau de vaisseaux séveux. Ces vaisseaux ou petites fibres sont poussés du corps ligneux dans le parenchyme de l’écorce. L’espace qu’ils laissent entr’eux se remplit ensuite de nouvelles fibres, & qui forment à la fin toutes ensemble un cercle entier qui devient, en se durcissant & se desséchant, une couche ligneuse. La peau de l’écorce est une portion du liber, qui ayant été tous les ans poussée vers l’extérieur, est devenue, en le desséchant, une véritable peau semblable à la dépouille des vipères, quand il s’est formé au-dessous une peau nouvelle. Mais pour le bois, il doit sa formation à une substance vasculeuse, composée de l’entrelacement des vaisseaux qui se mêlent au parenchyme de l’écorce ; & en deux mots, un anneau de vaisseaux séveux du liber, forme tous les ans un anneau qui est propre à devenir bois, & qui le devient d’années en années.

Le sentiment de Grew diffère de celui de Malpighi, en ce qu’il ne croit pas, comme lui, que les couches du liber, proprement dit, deviennent bois ; car il pense, au contraire, qu’entre le liber & le bois, il se forme des couches ligneuses, qui ne sont à la vérité que des émanations de l’écorce.

III. Sentiment de M. Hales. Ce fameux observateur anglois, croit que les dernières couches du bois formé produisent la nouvelle couche, qui, par son endurcissement, fait l’augmentation de grosseur du bois : car on doit penser, ajoute-t-il, que les couches ligneuses, de la seconde, troisième année, &c. ne sont pas formées par la seule dilatation horizontale des vaisseaux, mais bien plutôt par une extension des fibres longitudinales & des vaisseaux qui sortent du bois de l’année précédente, avec les vaisseaux duquel ils conservent une libre communication.