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pas de même nature que les autres couches corticales.

6°. Enfin, le bois peut produire un écorce nouvelle, sous laquelle il paroît tout de suite des couches ligneuses.

Il paroît assez démontré, d’après tout ce que nous venons de dire, que c’est à l’écorce, ou plutôt au dernier feuillet du liber, qu’il faut attribuer l’origine des couches ligneuses. Mais, comment se peut-il faire, dira-t-on, que ce feuillet de liber qui est si mince, devienne ensuite une couche qui a quelquefois une ligne & même davantage d’épaisseur. La réponse est facile : tant que ce feuillet n’est que liber, les vaisseaux & toutes les parties qui le composent, n’ont pas acquis l’épaisseur & le diamètre qui leur sont nécessaires ; c’est au moment, où de liber il devient bois, que cet accroissement s’opère. L’affluence d’une nourriture plus abondante & plus élaborée, produit ce développement merveilleux, & met toutes ces parties dans l’état elle doivent être pour être réputées bois.

III. De la régularité, de l’excentricité & du nombre des Couches ligneuses.

La régularité, l’excentricité & le nombre des couches ligneuses sont trois points très-intéressans de la physiologie végétale ; ils offrent des phénomènes capables de piquer toute la curiosité d’un digne observateur de la nature.

1°. De la régularité des couches ligneuses. En général, on remarque une sorte de régularité assez exacte dans la disposition de toutes les couches ligneuses. Elles enveloppent la moelle comme autant de zones, & plus l’arbre vieillit, plus, en même temps, elles semblent s’arrondir & perdre des contours réguliers. Les tiges d’un très-grand nombre d’arbres, dans leur jeunesse, ne sont point exactement cylindriques ; elles affectent des pans assez sensibles, & l’on compte jusqu’à quatre, cinq, six & même huit côtés. Si, dans cet état, vous coupez la tige horizontalement, vous distinguerez facilement ces côtés, & vous verrez les couches se plier & se courber suivant ces directions. Laissez croître l’arbre & sciez-le, lorsqu’il est parvenu à son état d’accroissement parfait plus de canelure, plus de pans, tout est arrondi, & les couches ont une direction circulaire, presqu’aussi exacte, que si elle avoit été tracée avec le compas. À mesure que l’arbre grandit, son accroissement se fait en tout sens, (Voyez le mot Accroissement) par la dilatation de toutes les parties. Cette dilatation paroît agir du centre à la circonférence, ou de la moelle à l’écorce, avec une égale force, parce que nous supposons que tous les vaisseaux qui apportent la substance nutritive, l’apportent également de tous côtés. De plus, le dépôt de cette substance, se faisant circulairement, le développement doit prendre insensiblement la même direction, ce qui, au bout de quelques années, arrondira sa tige, au point que l’on ne trouvera la forme primitive & élémentaire de la tige, qu’aux extrémités des branches, dans les jets d’un ou deux ans.

II. De l’excentricité des couches. Si les couches ligneuses affectent, en général, une régularité dans leurs contours, très-souvent, aussi on remarque