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désagrégation des molécules de la craie, & la combinaison de ses principes auront lieu : enfin, on aura une terre propre à la végétation.

Malgré ces additions, il ne faut pas penser que toute saison soit propre au labourage d’une pareille terre, quand même le sable domineroit sur la craie. Si le sol est humide, la charrue pressera contre les sillons, & le soulèvera en mottes qui se durciront à l’air. Un laboureur intelligent choisira un temps sec ; les bêtes auront plus de peine à la vérité, mais le travail en vaudra mieux.

Si, au contraire, on laboure sur une craie non préparée, choisissez le temps où elle est passablement humectée, & le soc de la charrue ira plus profondément ; mais il faut que cette terre ait le temps d’être élaborée par l’air, sans quoi, pour me servir de l’expression usitée, on mettroit la terre crue par-dessus, & la bonne par-dessous, de sorte qu’on n’auroit point de récolte. Il en est ainsi de toutes les terres qui ne sont pas végétales par elles-mêmes : aussi ne gratte-t-on, chaque année, que la supercificie des terres crayeuses, parce que cette terre crue surabonde de sels non combinés, qui détruisent les plantes, en racornissant leurs racines.

Que doit-on encore penser du mélange de l’argile avec la craie, proposé par plusieurs auteurs ? Je l’ai déjà dit : s’il existe de la craie pure, c’est la marne pure, friable, pulvérulente ; mais la craie ordinaire doit en partie son opacité à l’argile tenue en dissolution avec elle lors de la formation des grands bancs. Ces deux substances sont imperméables à l’eau ; ainsi ce mélange est ridicule. Il faut du sable, de la terre végétale, & sur-tout des engrais : tout autre combinaison est dispendieuse & en pure perte.


CHAPITRE II.

De la Craie considérée comme Engrais.


La craie est une chaux naturelle non calcinée ; elle agit plus foiblement qu’elle, & d’après les mêmes principes : son emploi exige les mêmes précautions que celui de la chaux, & convient dans les mêmes cas, sur-tout pour les-terres argileuses. Cette assertion paroît se contredire avec l’observation rapportée plus haut ; mais on fera attention que, dans le premier cas, il est comme impossible que la terre argileuse se trouve mêlée moitié par moitié, par exemple, avec la craie, quantité nécessaire pour bonifier la craie ; tandis que, dans le second cas, il n’en faut qu’une portion étendue sur l’argile, & mêlée avec elle par les labours. La meilleure manière d’employer la craie sur l’argile, est de la laisser pendant plusieurs mois se combiner avec les engrais animaux. (Voyez ce qui a été dit à l’article Chaux) Si on a des troupeaux, c’est le cas de les faire parquer sur ces terres mélangées, & de labourer tout de suite la partie du terrein sur laquelle le troupeau a passé une ou plusieurs nuits.


CHAPITRE III.

De la Craie, relativement aux Arts.


La craie du commerce est appelée blanc d’Espagne, blanc de Troyes, blanc d’Orléans, &c. & les barbouilleurs, soit en huile, soit en détrempe, la substituent souvent au