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folio. M. von Linné le nomme sisymbrium silvestre, & le classe dans le tetradynamie siliqueuse.

Fleur, composée de quatre pétales égaux C, de six étamines D, dont quatre plus longues & deux plus courtes. Le pistil est représenté dans le calice B, également à quatre feuilles égales & ovales. Il est aussi représenté en E.

Fruit F, succède à la fleur ; c’est une silique composée de deux valves partagées par une cloison membraneuse qui s’ouvre de bas en haut G, & renferme des semences H ovoïdes & lisses.

Feuilles, ailées avec une impaire, les folioles en forme de lance & dentées.

Racine A, fibreuse.

Port ; plusieurs tiges longues d’un pied, herbacées, creuses, cannelées, lisses, rameuses, rampantes ; les fleurs blanches au sommet des tiges.

Lieu, les fontaines, les fossés, les ruisseaux ; la plante est vivace & fleurit en juin & juillet ; on peut la cultiver dans les jardins, en la tenant dans un endroit humide.

Propriétés. Les feuilles ont une saveur âcre & une odeur piquante, lorsqu’on les froisse : toute la plante est diurétique, antiscorbutique ; intérieurement apéritive & détersive.

C’est une des meilleures plantes employés en médécine, parce que ses effets ne sont point douteux. Les feuilles font expectorer avec plus de facilité dans l’asthme pituiteux, la toux catarrhale, la phthisie pulmonaire essentielle & commençante ; quelquefois elles contribuent à la détersion de l’ulcère des poumons, lorsqu’il est récent avec peu de fièvre & de toux. Elles guérissent le scorbut & particulièrement le scorbut de mer. Elles sont souvent d’un grand avantage dans les fièvres avec abattement de forces vitales & assoupissement. Elles fortifient l’estomac affoibli par des alimens de mauvaise qualité ; elles échauffent peu ; elles sont rarement utiles aux personnes dont le genre nerveux est irritable. Extérieurement, les feuilles mâchées ou leur suc en gargarisme, raffermissent les gencives, le voile du palais, détergent les ulcères scorbutiques de la bouche & les aphtes.

Usages. L’eau distillée des feuilles est assez inutile ; le sirop de cresson a les mêmes vertus que le suc qu’on donne depuis demi-once jusqu’à quatre onces. Pour faire le sirop, prenez suc exprimé des feuilles, une livre & demie ; remplissez-en les trois quarts d’un matras, que vous boucherez exactement avec une vessie de cochon ; plongez le matras dans de l’eau échauffée graduellement, jusqu’à soixante degrés environ au-dessus de la glace du thermomètre de Réaumur ; laissez refroidir le matras, filtrez le suc à travers le papier gris ; faites fondre au bain-marie, dans une livre de suc ainsi dépuré, deux livres moins trois onces de sucre blanc, & vous aurez le sirop de cresson de fontaine, transparent, d’une couleur verdâtre, d’une odeur piquante, d’une saveur douce & âcre. Sa dose est depuis demi-once jusqu’à une once, seule ou en solution dans cinq onces d’eau.

On donne aux animaux le suc de cresson à la dose de six onces, & les infusions on macérations dans du vinaigre, à la dose d’une poignée sur une demi-livre de cette liqueur.


Cresson des Prés, (Planche 16)