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sujets destinés aux palissades, &c. ; mais comme ces sujets ont souvent leurs racines écourtées ou mutilées lorsqu’on les arrache, il en périt beaucoup dans la transplantation : pour éviter cet inconvénient, on a eu recours aux semis, pépinières, &c.

Du semis. On recueille la graine au temps de sa maturité, à peu près dans le mois d’Octobre, & on la sème aussi-tôt dans un terrein frais & à l’ombre. Quelques graines germeront au printemps suivant, & la totalité à la seconde année. Le seul soin que demandent ces semis, consiste à les arroser au besoin, pour tenir la terre fraîche, & à les sarcler souvent.

Des pépinières. Un ou deux ans après que la plante a germé, que la tige a acquis une certaine consistance, on commence par défoncer la terre d’un côté, jusqu’au dessous des racines ; & successivement en défonçant toujours, on tire de terre tous les plants sans endommager les racines. C’est dans cet état, & sans étêter les jeunes plants, qu’on les transporte dans les petites fosses préparées pour la pépinière, où ils sont plantés à dix à douze pouces de distance. Sarclez souvent ces pépinières, travaillez-les deux fois l’année, & arrosez au besoin. À la sixième ou septième année, les plants auront fait de belles tiges, & seront en état d’être transplantés ; de cette manière on est assuré de voir réussir à merveille les plantations de palissades, de bosquets, &c. sur-tout si le terrein a été bien défoncé, & si, dans les deux premières années, on ne leur laisse pas éprouver les rigueurs de la sécheresse.

Le temps de transplanter la charmille est marqué par le desséchement des feuilles ; alors la sève ne monte plus des racines aux branches, le bouton à bois est bien formé. Les pluies de l’hiver ont le temps de joindre exactement les parcelles de terre contre la racine. Dans les provinces méridionales, elles travaillent un peu pendant cet espace de temps : enfin, au printemps la végétation de la plante hâte son développement. Si la transplantation a lieu après l’hiver, la reprise sera moins assurée, & beaucoup plus tardive. Il arrive cependant quelquefois que les fortes gelées font périr les tiges jusqu’au niveau de terre, sur-tout dans les terreins humides ; mais c’est un mal léger, puisqu’en coupant cette tige desséchée, de nouvelles branches sortiront du pied.

Si on veut jouir promptement, & si le terrein est bon, on peut planter des charmilles de douze à quinze pieds de hauteur, & de huit à dix dans un sol de médiocre qualité. La distance entre l’un & l’autre doit être de dix-huit pouces. On aura soin de couper toutes les branches de la tige, & de laisser un chicot de deux à trois pouces à la naissance de chaque branche. Ce chicot retient la sève, pousse des bourgeons, & ces bourgeons garnissent bientôt l’espace qui se trouve vide ; de sorte qu’à la seconde année, la palissade est toute formée. Si les charmilles qu’on a arrachées dans les bois sont d’une belle venue, bien saines, bien vigoureuses, & sur-tout bien enracinées, elles suppléeront les charmilles élevées dans les pépinières. Une précaution à prendre avant de les replanter, c’est de les laisser tremper dans l’eau pendant vingt-quatre heures.