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présenter au lecteur, le tableau des opérations qu’il peut voir par lui-même, dans la plupart des campagnes.

M. Liger a adopté toutes les recettes merveilleuses, qui promettent les récoltes les plus abondantes, lorsqu’on s’en sert pour préparer les grains avant de les semer. La grande confiance qu’il a dans ces liqueurs prolifiques, dont quelques agronomes ont fait usage pour hâter le développement du germe, & fortifier sa végétation, l’a porté à croire qu’on pouvoit s’en servir avec succès, non-seulement pour toutes sortes de végétaux, mais encore pour les animaux, en mettant tremper dans ces liqueurs l’herbe ou les grains dont on les nourrit. « L’effet de ces liqueurs prolifiques, est, dit-il, d’ouvrir les conduits des germes contenus à l’infini dans la graine de toutes les plantes, & d’y attirer & animer la sève nécessaire pour mettre au jour tout ce qu’il y a de ressources naturelles. » Voici les avantages qui résultent des procédés qu’il conseille de suivre, en faisant usage des liqueurs prolifiques.

« 1°. Jamais la terre ne se repose ; 2°. elle peut même porter tous les ans du froment ; 3°. point de fumier à y mettre ; 4°. un seul labour suffit ; 5°. on ne sème qu’à demi-semence, ou les deux tiers au plus ; 6°. il faut moins de chevaux ou bœufs pour labourer ; 7°. les blés résistent mieux aux pluies, aux vents, &c. ; 8°. ils sont moins sujets à la nielle, & ne craignent point les brouillards ; 9°. dans les bonnes terres, les tiges font des rejetons, & poussent de nouveaux tuyaux pour la seconde année ; sur ce pied-là, sans labourer ni semer, on a une seconde récolte : 10°. En suivant les procédés que nous indiquons, on fait la récolte quinze jours plutôt ».

D’après cet exposé, il est facile de juger quel degré de confiance mérite un auteur qui annonce des choses si étonnantes ; cependant ce même homme a très-bien vu dans une infinité d’objets de détails, & son ouvrage mérite d’être lu attentivement.


CHAPITRE III.

Systême de Culture de M. Tull, Agriculteur Anglois.


M. Tull assure qu’il a dirigé ses opérations, & fait ses expériences sur la culture des terres, selon les principes du mécanisme de la végétation. Cette connoissance l’a obligé d’introduire une nouvelle méthode de cultiver, qu’il croit plus utile que l’ancienne, parce qu’elle est plus analogue à leur végétation. Avant d’entrer dans le détail de ses principes de culture, il est à propos de connoître son opinion sur le mécanisme de la végétation en général, afin de juger de la liaison qui se trouve entre sa pratique & la théorie qu’il établit.

I. Du mécanisme de la végétation. L’auteur considère les racines des plantes comme les seuls organes destinés à porter les sucs nécessaires à leur accroissement ; les feuilles, comme des organes par lesquels elles transpirent, c’est-à-dire, rejettent une surabondance de sève, qui pourroit devenir nuisible à leur végétation. Les racines sont donc les seules nourrices qui fournissent aux plantes l’aliment qui leur convient. C’est par cette raison que les labours, les