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enlève les grosses racines, & la vente de leur bois paye les frais de l’opération.

Aussitôt après on égalise le terrein autant qu’il est possible, pour donner ensuite un labour, en automne, avec une forte charrue, afin que les gelées d’hiver brisent les mottes, fassent mourir les mauvaises herbes. Au premier printemps, on donne un second labour, après lequel on sème des grains de mars, qui produisent une récolte très-abondante. On continue à cultiver ces sortes de terreins, comme ceux qui sont en bon état de culture.

Si ces sortes de terreins en bois sont encore remplis de genêts, d’aubépine, de bruyères & d’autres broussailles, un labour avec une forte charrue ne suffit pas pour les mettre en bon état. Dans ces circonstances, M. Duhamel fait fouiller la terre, pour arracher les racines, avant d’y faire passer la charrue, qu’on risqueroit de briser à cause des obstacles qu’elle rencontreroit, à tout instant, de la part des racines & des broussailles. Cette opération très-coûteuse, exécutée à bras, est faite à peu de frais en employant la charrue à coutres sans soc : il la fait passer deux fois dans toute l’étendue du terrein, en ayant attention de croiser les premières raies au second labour : par ce moyen, toutes les racines sont coupées. Un second labour avec une forte charrue, renverse aisément la terre, parce qu’il n’y a pas d’obstacle qui s’oppose à la direction qu’elle suit dans sa marche. Ces terres, qu’on pourroit appeler vierges, relativement aux grains, fournissent, pendant plusieurs années, d’excellentes récoltes sans le secours des engrais, & elles peuvent en produire de semblables, lorsque la terre commence à diminuer de force, en minant ce terrein ; c’est-à-dire, en lui donnant une culture à la bêche, & en faisant une espèce de fossé de dix-huit à vingt pouces de profondeur : on le comble à mesure qu’on creuse le suivant, & ainsi successivement, l’un après l’autre. Cette opération, longue & coûteuse, rend à la terre sa première fertilité. Aux cultivateurs effrayés par cette dépense, M. Duhamel propose l’observation suivante : « qu’on fasse attention que les frais d’une telle culture sont une avance faite, dont on sera amplement dédommagé par les récoltes qui la suivront. Les fumiers qu’on auroit été obligé de mettre pendant plusieurs années, seroient un objet de dépense au moins aussi considérable que la façon de cette culture ; & ils ne bonifieroient pas le terrein avec autant d’avantage ».

II. Défrichement des landes. L’auteur nomme landes, les terres qui ne produisent que des broussailles en général ; c’est-à-dire, du genêt, de la bruyère, des genévriers, &c. Il veut réduire ces sortes de terreins en état de culture, par le moyen du feu, ou en coupant & arrachant toutes ces plantes. Si l’on n’a pas un grand intérêt à profiter du bois, le feu est le meilleur moyen & le plus court : voici les raisons qu’il en donne. 1°. Les cendres de toutes ces mauvaises productions améliorent le terrein. 2°. Le feu, qui a confirmé toutes les plantes jusqu’aux racines, est cause qu’elles ne repoussent plus, quand même il en resteroit quelques-unes dans la terre. 3°. En consumant toutes ces mauvaises plantes, il brûle