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traîneroit la meilleure partie de leur substance.

M. Duhamel conseille de transporter les engrais avant le labour à demeure, de les étendre tout de suite & de les enterrer. Il y a des cultivateurs qui étendent les fumiers seulement avant de semer, & les enterrent avec la semence. Cette méthode est vicieuse, parce qu’il y a des grains qui peuvent se mêler avec des tas de fumier où ils pourrissent, quand ils ne sont pas dévorés par les insectes qui s’y trouvent.

Section III.

Comment une pièce de terre doit être préparée, pour semer selon la méthode de M. Duhamel.

La nouvelle méthode d’ensemencer les terres, introduite par M. Duhamel, se trouve conforme à celle de M. Lignerolle : voici de quelle manière le terrein est disposé.

« Supposons, dit M. Duhamel, une pièce de terre bien labourée à plat & fort unie, prête à recevoir la semence, à prendre la forme qu’on voudra lui donner ; supposons encore que la terre soit assez bonne, qu’elle ne soit point trop difficile à travailler, & qu’on veuille y faire des planches de quatre tours de charrue, ou de huit raies, qui produiront sept rangées de froment : comme c’est la première fois qu’on ensemence cette pièce suivant la nouvelle culture, il faut la disposer de façon qu’il y ait alternativement une planche de guéret & une ensemencée ; ce qui servira tant qu’on la cultivera suivant la nouvelle méthode. En commençant par laisser à une rive de la pièce la planche de guéret, il faut compter 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10 raies de guéret : voilà la planche qui restera en guéret cette année, & qu’on ensemencera l’année prochaine ; parce qu’il faut dix raies de guéret pour faire une planche de quatre tours, formant huit raies de planches, qui produisent sept rangées de blé. Pour ensemencer, on compte 1, 2, 3, 4, de ces dix raies ; on fait répandre du blé à la main sur les deux cinquièmes raies qui doivent former le milieu de la planche ; ainsi les cinquièmes raies le trouvent, adossées par les quatrièmes, en même temps qu’on forme une estréageure : par ce tour de charrue, ou par les deux traits, la semence qu’on a répandue, se trouve enterrée sur le milieu de la planche, & quoiqu’on ait répandu du grain dans les deux raies 5, il n’en résultera à la levée, qu’une forte rangée qui équivaudra à deux.

» Après avoir fait répandre du grain dans les deux sillons qu’on vient de former, on pique un peu moins dans le guéret ; on fait un second tour de charrue qui recouvre le grain qu’on vient de semer, & on forme deux nouvelles raies.

» Ayant fait répandre du grain dans les raies à mesure qu’on les forme, & ayant fait un troisième & quatrième tour, la planche est entièrement formée par huit raies, qui ne doivent donner que sept rangées de froment, les deux premières n’en produisant qu’une, qui est, à la vérité, plus forte que les autres.

» Il est bon de faire attention à