Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/605

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les remet au fond pour ramener les autres à la surface, afin qu’elles profitent des mêmes avantages ; elles y portent des principes certains de fertilité qui n’altéreront point le goût primitif des productions des plantes, dont elles aident merveilleusement la végétation.

Les terres légères ont des interstices trop grossiers entre leurs molécules ; de sorte que les racines qui s’étendent dans ces cavités, ont peine à toucher leur surface & par conséquent à pomper les sucs nourriciers. L’effet du labourage, dans ces espèces de terres, consiste donc à opérer une plus grande division de molécules, que celle qui existoit déjà. Il faut observer, ajoute notre auteur, que les racines dans leur extension, doivent nécessairement éprouver une certaine résistance, afin d’attirer les sucs nourriciers ; sans cette pression réciproque des racines & des molécules la végétation languit, parce que les racines panant sur les parties terrestres sans toucher leur surface, elles ne peuvent point enlever les sucs dont les molécules sont chargées. Sans les labours, les terres légères seroient par conséquent peu propres à la végétation.

Quoique le fumier, par la fermentation qu’il excite dans l’intérieur de la terre, divise aussi ses parties, ce seroit une erreur, selon l’auteur, de le croire aussi avantageux que les labours dont l’effet est bien plus certain : il porte à la vérité, des principes de fertilité très-utiles à la végétation ; mais aussi il est sujet à des inconvéniens nuisibles aux productions de la terre : ainsi qu’il a déjà été dit plusieurs fois ; la méthode la plus ordinaire d’améliorer les terres, étant d’avoir recours au fumier, notre auteur indique un moyen assuré de faire mourir les insectes qui y sont ; pour cet effet, avant de commencer le tas, on met une couche de chaux vive, & à mesure qu’il avance, on répand de temps en temps quelques couches de la même chaux ; en ayant cette précaution, on détruit les insectes & les graines des mauvaises herbes, qui poussent en quantité dans les terres bien fumées.

L’auteur considére la herse, dans les mains du laboureur ignorant, comme l’instrument d’agriculture le plus dangereux, lorsqu’il en fait usage pour se dispenser des labours qu’il devroit au contraire multiplier ; il imagine que cet instrument rompt & divise suffisamment la terre, sans faire attention que les chevaux, dont il se sert, font plus de mal avec leurs pieds, que la herse ne fait de bien.

II. Des moyens d’entretenir la terre en vigueur par le labourage. Selon les principes de l’auteur, lorsqu’on veut conserver un terrein en vigueur par le labourage, il est essentiel de multiplier le nombre des labours, afin d’accroître, ou pour mieux dire, de développer les principes de fertilité : mais il faut observer de mettre un intervalle de temps convenable entre chaque labour ; sans cette précaution, on les multiplie sans que la terre en reçoive aucun avantage. Un terrein médiocre, bien labouré, est bien plus fertile qu’un autre d’une qualité meilleure, mais qui n’est point amendé par les labours. Une terre nouvellement rompue & suffisamment ameublie, est, comme une terre neuve, pour tous les usages auxquels on veut l’employer ; d’où il conclut