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lorsque le sol n’a que quelques pouces de profondeur, & qu’on trouve ensuite une terre non-végétale, on doit prendre garde à ne point faire piquer la charrue trop avant, & à ne pas ramener à sa superficie la mauvaise terre.

Les terres humides exigent une culture plus analogue à leur qualité. Il y a deux principales sortes de sols sujets à être refroidis par l’humidité ; ceux qui se trouvent sur des montagnes où il y a un lit de glaise au-dessous de la superficie & ceux qui, situés horizontalement, sont fort profonds & très-fermes. « La cause du mal dans-ces terreins est très-évidente : les eaux des pluies filtrant à travers la terre molle qui forme la superficie sont retenues par la glaise qui se trouve en-dessous, & dont les parties sont si intimement liées & compactes, qu’elles sont impénétrables aux eaux ; de sorte que de nouvelles pluies succédant, les eaux en sont retenues par les précédentes : le sol étant alors engorgé ; elles remontent vers la superficie, se mêlent avec la terre molle, qui abreuvée se gonfle & se lève au-dessus de son niveau ». Voici de quelle manière l’auteur procède dans la culture de ces sortes de terreins.

Le labourage n’est que d’une foible ressource dans ces sortes de terres ; on ne peut donc point se dispenser de couper des tranchées en travers du terrein, afin de donner une pente à l’eau pour qu’elle puisse s’écouler : on ferme ces tranchées en les comblant avec de grosses pierres recouvertes ensuite de terre, afin que la charrue puisse y passer comme sur une surface horizontale.

Lorsqu’on a lieu d’espérer de retirer quelqu’avantage, en réduisant ces sortes de terres en état de culture réglée, pour l’entreprendre avec succès, il faut labourer en dirigeant les rayons transversalement, & leur donner une pente oblique. Si les rayons étoient dirigés transversalement en ligne droite, ou de bas en haut & toujours en ligne droite, on conçoit combien ces méthodes seroient défectueuses : en suivant la première, l’eau n’auroit point d’écoulement, puisque les guérets la retiendroient ; par la seconde, on lui procureroit un écoulement trop précipité, de sorte qu’elle entraîneroit toute la substance de la terre.

Pour rendre l’écoulement plus parfait, notre auteur exige qu’il n’y ait point de cavité dans les sillons, & que leur extrémité soit l’endroit le plus bas de toute leur longueur. Quant au degré d’obliquité qu’il convient de donner, soit aux rayons & aux sillons, il doit toujours être relatif à la position du terrein, c’est-à-dire, l’obliquité doit être moins sensible pour une terre dont la pente est très-considérable, que pour une autre qui l’est moins.

Quoiqu’un terrein situé sur le plan incliné d’un coteau ou d’une montagne, ne soit point sujet à retenir l’eau, on ne doit pas se dispenser, en le labourant, de tracer des raies transversales, afin de donner un écoulement aux eaux trop abondantes, & d’empêcher qu’elles n’entraînent les terres.

Lorsqu’un sol profond & ferme est horizontal, en le labourant transversalement, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, il est sujet à être froid & humide, parce que l’eau y séjourne long-temps. Pour remédier à ces