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CUTICULE. Peau végétale, extrêmement fine. (Voy. Épiderme)


CUVE. Grand vaisseau garni d’un seul fond destiné à recevoir la vendange, Planche 17 ; la forme de ce vaisseau varie suivant les pays ; ici elle est ronde ; là, quarrée ; dans quelques endroits cerclée en fer ; dans d’autres, avec de forts cerceaux faits avec le bois de châtaignier, ou avec celui du bouleau ou avec celui du frêne ; la même variété a lieu relativement aux douves qui sont ou de chêne ou de châtaignier ou de mûrier.

I. De la forme des cuves. Dans tout le royaume elle est plus large par le bas que par le haut ; ordinairement aussi haute que large, & souvent plus haute que large. Dans les environs de Sens, au contraire, la cuve est environ deux fois plus large que haute, & plus large ou au moins aussi large dans le haut que dans le bas. S’il en existe ailleurs de semblables, je l’ignore ; ce sont plutôt de vastes cuviers pareils à ceux destinés pour les lessives de ménage, que des cuves.

On a raison de tenir le haut plus étroit, & le degré de resserrement dépend de la main de l’ouvrier, qui diminue plus la largeur de la douve par le haut que par le bas ; par ce moyen les douves joignent beaucoup mieux, & les cerceaux quelconques ont une action plus immédiate sur les douves. Si on manioit une cuve comme un tonneau, comme une barrique, il seroit à la rigueur moins nécessaire d’élargir le bas & de diminuer le haut ; mais une cuve une fois placée ne se dérange plus ; il faut donc que, lorsque chaque année on rebat les cerceaux avant la vendange, que le cerceau ne puisse pas glisser du haut en bas ; ce qui arriverait nécessairement si la colonne formée par la cuve étoit droite, à cause de la retraite prise par le bois, & que la chaleur de l’été rend indispensable. Ainsi que la cuve soit ronde ou quarrée, il est essentiel que le bas soit plus large que le haut.

Les grands propriétaires de vignobles doivent préférer les formes quarrées, puisqu’en supposant la même hauteur & le même diamètre à une cuve ronde, elle tiendra moins qu’une cuve quarrée, parce que celle-ci gagne par ses angles. La quarrée mérite encore la préférence sur la ronde, en ce qu’elle est moins dispendieuse pour l’entretien ; quatre bandes sur chaque face d’une cuve de six pieds de hauteur, suffisent, & il faudra au moins deux douzaines de cerceaux pour une cuve ronde de la même hauteur. Les cerceaux sont plus communément faits d’une petite partie de cœur de bois & d’aubier que de vrai bois ; il n’est donc pas surprenant s’ils sont plutôt vermoulus, & si pour en placer un qui éclate, il faut enlever tous ceux du dessus ; au lieu que la bande est toujours de bon bois comme il sera dit ci-après, & qu’on peut enlever & la remettre sans le plus léger inconvénient.

En général les cuves n’ont point assez de hauteur sur leur largeur ; ce défaut vient souvent du peu de hauteur du plancher du cellier, ou de ce que l’on recherche trop la facilité de jeter la vendange dans la cuve. Si le plancher du cellier est élevé, rien n’empêche de former avec de longues & fortes planches une montée