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CYTISE VELU. M. Tournefort le classe dans la seconde section de la douzième classe, qui comprend les arbrisseaux à fleurs légumineuses, dont les feuilles sont au nombre de trois, portées sur le même pétiole. Il l’appelle, d’après Bauhin, cytisus incanus siliqua longiore : M. von Linné le nomme cytisus hirsutus, & le classe dans la diadelphie décandrie.

Je me serois dispensé de décrire cet arbrisseau, si les auteurs anciens n’en avoient fait le plus grand éloge, & ne l’avoient regardé comme très-utile. Les agriculteurs modernes ont copié les anciens, & ont encore renchéri sur eux ; mais j’ose avancer que peut-être pas un de ceux qui l’ont si fort loué, n’ont suivi sa culture, ou fait aucune expérience relative à l’agriculture. Je conviens cependant que plusieurs ont cultivé les cytises par rapport à la décoration des jardins, ou à la botanique, ce qui est bien différent.

Fleur, papilionacée ou légumineuse. Son calice est velu, presqu’adhérent à la tige, d’une seule pièce, en forme de cloche, court, divisé en deux lèvres ; la supérieure, fendue en deux, & l’inférieure en trois : du calice sort la fleur. L’étendard est ovale, droit, replié en arrière ; les ailes de la longueur de l’étendard, droites, obtuses ; la nacelle ou carenne est renflée au milieu, pointue.

Fruit. Le pistil devient la gousse qui renferme les semences, en forme de rein, & plates. Le légume est alongé.

Feuilles. Les feuilles trois à trois, portées par un court pétiole, très-velues en dessous.

Racine, ligneuse, très-fibreuse.

Port. Cet arbrisseau étend ses rameaux sur la terre.

Lieu. Il est naturel en Sybérie, en Tartarie, en Autriche & en Italie.

Je ne parlerai pas ici du cytise ou aubours, parce qu’il est plus connu sous la dénomination d’ébenier des Alpes. (Voyez ce mot)

2. Cytise à grappes fleuries, droites, dont les calices sont recouverts de trois lames dont les feuilles florales n’ont point de pétiole. C’est le cytisus sesseli folius de von Linné ; il croit naturellement en Italie & en Provence.

3. Cytise à fleurs latérales, à feuilles velues, à tige droite & cannelée ; c’est le cytise de Montpellier, ou cytise à feuilles de luzerne.

Il est inutile de parler d’un plus grand nombre de cytises, relativement à l’agriculture ; les autres tiennent plus à l’agrément qu’à l’utilité.

Les grecs & les romains ont loué le cytise, & Columelle est celui qui en a parlé plus en détail. Je vais copier cet article d’après lui.

« Il sera très-important d’avoir dans la terre la plus grande quantité de cytise que l’on pourra, parce que cet arbrisseau est très-utile aux poules, aux abeilles, aux chèvres, ainsi qu’aux bœufs & à toutes sortes de bestiaux, tant parce qu’il les engraisse en peu de temps, & qu’il donne beaucoup de lait aux brebis, que parce que l’on peut l’employer pendant huit mois en fourrage vert, & passé ce temps, en fourrage sec. D’ailleurs il prend très-promptement en toutes sortes de terres, même dans les plus maigres, & rien de ce qui nuit aux autres plantes ne lui fait tort.

» On peut planter le cytise en automne ou au printemps. Lorsque l’on aura bien labouré le terrein,