Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 3.djvu/648

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qui vivent de viandes salées ou fumées, qui boivent des eaux stagnantes, & des vins acerbes, sont plus sujettes aux dartres que les autres personnes, parce que la sueur, l’insensible transpiration & la digestion se faisant mal, les sucs de la digestion sont crus & indigestes.

Il existe des dartres qui doivent le jour à la vérole & au scorbut ; d’autres qui sont les suites des maladies des différentes parties du bas ventre, comme obstruction au foie, à la rate, &c.

Il est enfin une dernière espèce de dartres, qui ne sont pas dues à des matières âcres répandues dans la masse du sang, & dont la cause est simplement locale, comme les personnes très-grasses qui sont sujettes à avoir des ceintures de dartres qui ne doivent te jour qu’au frottement : on sent aisément dans quelle erreur on tomberoit, si on alloit donner des médicamens propres à combattre les dartres à des personnes semblables : l’application des onguens donne souvent naissance à des dartres de la nature de celles dont nous parlons. De simples adoucissans & de la propreté suffisent pour faire disparoître ces dartres ; autrement elles pourroient devenir graves, parce que l’humeur contenue dans les glandes de la peau, venant à se corrompre, occasionneroient des dartres vives & très-douloureuses ; On fait que les substances grasses deviennent très-âcres en se rancissant.

Les dartres ne sont pas, en général, des maladies faites pour inquiéter par leurs suites, à moins qu’elles ne soient irritées, ou qu’on les fasse rentrer indiscrétement ; dans ce dernier cas elles se portent sur des organes très-nécessaires à la vie, en troublent les fonctions & mettent les jours en danger ; beaucoup de maladies graves reconnoissent pour cause première la rentrée des dartres, & ces maladies sont d’autant plus difficiles à guérir que les malades ont fait beaucoup d’usage de remèdes.

Le régime seul suffit quelquefois pour guérir les dartres légères : ceux qui sont menacés de dartres, ou qui en ont de légères, doivent se priver de tous les ragoûts & des liqueurs spiritueuses, & ne faire usage que d’herbes potagères, de lait, de bains, respirer un air pur, & boire quelques tasses d’infusion de scabieuse.

Les dartres qui reconnoissent pour cause la vérole, les scorbuts, les écrouelles, les obstructions des différentes parties du bas ventre, ou les évacuations naturelles supprimées, ne cèdent qu’aux moyens propres à combattre les maladies qui les ont fait naître. (Voyez chacune de ces maladies)

Si les dartres ne reconnoissent pour cause aucune des maladies dont nous venons de parler ; il faut employer les dépuratifs : les dartres n’ont pas comme la gale un spécifique : il est prouvé que le mercure irrite & fait dégénérer celles qui ne sont pas le produit de la vérole.

Les meilleurs dépuratifs sont les suivans : on fait boire au malade le petit lait avec une infusion de feuilles de scabieuse, pendant cinq à six jours ; on le purge ensuite avec une médecine simple & proportionnée à son âge, à son sexe & à son tempérament ; on répète la purgation plusieurs fois, on lui prescrit le régime ci-dessus, & les dartres disparoissent dans la proportion que le malade est purgé.