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bœuf &c., qui en est attaqué, se grate avec les dents, quelquefois avec le pied, d’autres fois avec la corne, ou il appuie la partie qui éprouve le prurit, contre un solide quelconque, & frotte jusqu’à ce que la douleur ou la cuisson succède à la démangeaison.

En écartant le poil qui garnit la partie affectée, on découvre, ou une multitude de petites pustules presqu’imperceptibles, qui forment la dartre farineuse, ou une tumeur brûlante accompagnée de plusieurs pustules, qui dégénèrent en dartre vive ou rongeante.

Dans le premier cas, on observe que le poil tombe peu à peu, & que tout cet assemblage de pustules se couvre d’une infinité d’écailles plaquées l’une sur l’autre, que l’animal en se grattant les fait tomber sous la forme d’une poussière blanchâtre, & que dans peu de temps elles sont remplacées par d’autres.

Dans le second cas, la dartre vive ou rongeante se manifeste par des tumeurs brillantes, accompagnées de petites pustules qui se confondent ensemble. Elle ronge la peau, occasionne la chute du poil, & creuse des ulcères d’où découle une sérosité sanguinolente. Les miasmes salins qu’elle contient, sont quelquefois si corrosifs, qu’ils laissent des gonflemens aux endroits qui en ont été le siège & de vives impressions à la peau sur laquelle leur véhicule s’est épanché ; tant que la sérosité est imprégnée de ce degré de malignité ; l’animal qui en est infecté, se gratte si fréquemment qu’elle ne peut acquérir aucune consistance.

Si, au contraire, elle est moins chargée de ces particules qui détruisent l’ouvrage de la nature, sans exciter de grandes démangeaisons, à mesure que la sérosité flue & les baigne dans la cavité qu’elles se sont creusées, elle s’épaissit, elle se dessèche, se durcit & forme une grosse croûte rabouteuse & grisâtre, dont les bords sont presque habituellement humides.

Ces différentes espèces de dartres peuvent se perpétuer de race en race, ou se communiquer d’un animal dartreux à un animal sain, & même jusqu’aux personnes qui les soignent sans précaution.

D’ailleurs, un long repos, ou les travaux excessifs auxquels on livre certains animaux, ou les habitations humides, mal-propres & obscures dans lesquelles on les loge, ou la mauvaise qualité des alimens solides & liquides qu’on leur donne, &c. en affoiblissant les fonctions naturelles & le mouvement animal, peuvent être mises dans la classe des causes éloignées qui disposent le chyle à s’aigrir ; & dès-lors le suc alimentaire, bien loin de réparer convenablement les pertes que ces animaux ont faites, communique son acrimonie au sang, à la lymphe, à la sérosité & à toute la masse des humeurs, d’où naissent des prurits, des pustules, des ulcères, & enfin des dessèchemens écailleux & crustacés, dans lesquels la partie séreuse du sang dégénère à mesure qu’elle s’épanche.

Pour que le médecin vétérinaire puisse connoître l’état présent de la maladie, & s’assurer à peu près du siège qu’elle occupe ; il ouvrira la bouche du cheval, ou du bœuf, &c. attaqué de dartres ; si l’odeur qui s’en exhale est aigre, en suivant de plus près le malade, il découvrira