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donner passage à l’eau, ce qui le feroit fendre tout de suite.

Section III.

De la forme des socs & des coutres.

Les diverses figures des socs des charrues peuvent se réduire à trois. Les uns ont la forme d’un triangle isocèle, dont l’angle, qui fait la pointe du soc, est très-aigu ; les deux autres sont repliés en dessous, pour former une espèce de douille où entre le sep. Les autres qui ressemblent à un fer de lance, ont entre les deux ailes un manche rond en forme de douille, pour recevoir la pointe du sep. Les troisièmes enfin sont terminés du côté gauche, en ligne droite, depuis la pointe jusqu’à l’extrémité de la douille ; du côté droit ils ont une aile tranchante, qui commence à la pointe du soc, & qui vient se terminer après avoir fait un angle vis-à-vis la naissance de la douille, à la jonction de la douille même avec le soc.

Toutes ces différentes figures des socs sont relatives à l’espèce de charrue à laquelle ils sont adaptés. Ceux de la première forme sont propres aux charrues les plus légères, comme l’araire & autres de cette sorte. Ceux de la seconde sont employés aux charrues appelées communément tourne-oreille, parce que le versoir est amovible, & qu’on le change de côté toutes les fois qu’on est au bout d’un sillon, & qu’on va en commencer un autre. Ceux de la troisième ne conviennent qu’aux charrues dont le versoir est fixé au côté droit ; c’est pour cette raison qu’il n’a qu’une aile assez large de ce côté ; s’il en avoit une pareille à l’opposé, la terre qu’il souleveroit, retomberoit dans le sillon. Les ailes du soc qu’on adapte aux charrues dont le versoir est amovible, & qu’on change de côté au bout de chaque sillon, sont peu larges, autrement celle qui ne seroit point surmontée du versoir remueroit une trop grande quantité de terre, qui ne seroit point retournée sur le côté, mais qui retomberoit dans le sillon.

Toutes ces formes sont également bonnes, selon l’espèce de charrue à laquelle ces socs sont adaptés.

Quelle que soit l’espèce & la figure des socs, leur pointe, ainsi que le tranchant de leurs ailes, doivent être proportionnés à la qualité du terrein dans lequel ils entrent. Dans un sol pierreux, un soc dont la pointe seroit très-aiguë, & les ailes bien tranchantes, seroit d’abord usé : il est donc nécessaire, dans ces circonstances, que ces parties, parfaitement trempées, aient peu de pointe & de tranchant : ces qualités d’ailleurs sont très-inutiles dans un terrein qu’il est si aisé d’ouvrir. Dans les terres grasses & compactes, un soc bien aigu, à ailes bien tranchantes, entre avec beaucoup de facilité, parce qu’il coupe aisément une terre compacte ; il ne s’use presque pas, parce qu’il ne rencontre point des pierres qui l’émoussent. Si sa pointe, au contraire, n’étoit point aiguë, ni ses ailes affilées, il éprouveroit de grandes résistances pour ouvrir une terre qui, s’opposant continuellement à son action, seroit battue au lieu d’être ameublie.

Le fer des socs doit être d’une bonne qualité, afin qu’il résiste aux efforts qu’il fait pour ouvrir la terre ;