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milieu du joug. Quand on veut n’employer qu’un seul cheval au tirage, ou qu’on veut en mettre plusieurs à la queue les uns des autres, on enlève la pièce de bois QR, pour lui substituer un brancard qu’on attache au bout de l’âge par l’étrier, ou la boucle de fer qui est toujours passée dans le trou qu’il a à son extrémité.

Cette charrue est très-commode pour labourer entre des sillons de vignes & entre des arbres, parce qu’on peut en approcher assez pour leur donner la culture qui leur est nécessaire, sans craindre de les endommager.

L’araire de Provence est tirée communément par deux bœufs qu’on met sous le joug : quand on la fait tirer par des mulets ou des chevaux on les attèle différemment. La Fig. 3 représente le joug qu’on met sur le front des bœufs : on l’attache à leurs cornes avec des bandes d’un cuir très-pliant, qui ont un pouce & demi environ de largeur. Lorsque le joug est attaché sur leur tête ou repose en A, la pièce de bois QR, qui tient à l’âge par un étrier de fer, on passe une forte cheville dans le trou qui est à son extrémité, qui entre en même temps dans celui pratiqué au milieu du joug. Si l’on met une seconde paire de bœufs devant la première, on l’attache à un autre joug, qui porte une pièce de bois semblable à celle de la première paire : cette pièce de bois a un étrier à son extrémité, dans lequel on passe une corde qu’on attache à un anneau placé à l’âge, à quelques pouces de distance du montant. La manière d’atteler les bœufs varie selon les coutumes locales des différens endroits où l’on se sert de l’araire pour labourer les terres.

Quand on se sert de chevaux ou de mulets, on passe à leur col le châssis représenté par la Figure 4. Pour cet effet on tire en haut les chevilles AA, & quand le col du cheval qui est déjà garni d’un collier afin que le châssis n’appuie point contre ses épaules quand il tire, est passé, on abaisse les chevilles ; on place la pièce de bois QR, qui tient par un étrier au bout de l’âge, entre les deux montans CC, de la Figure 4, qui sont assemblés avec les deux traverses BB ; on lève la cheville D, & on la laisse retomber dans le trou qui est au bout de la pièce de bois QR, d’où elle passe dans celui qui est à la traverse d’en bas.

Section II.

De l’aran de l’Angoumois, & d’une autre espèce de charrue qui y a quelque rapport.

La charrue dont on se sert dans l’Angoumois, qu’on nomme aran, a beaucoup de rapport à l’araire de Provence qui vient d’être décrite : les principes de sa construction sont les mêmes, avec cette différence, que son manche est double, & qu’on n’adapte point de coutre à l’âge. Au lieu de soc, l’aran d’Angoumois a un barreau de fer engagé entre deux pièces de même matière qui s’évasent en arrière : il n’a qu’un versoir, que le laboureur change de côté quand il est au bout du sillon.

Dans quelques provinces on emploie pour labourer les terres, des charrues construites, d’une manière très-défectueuse, sur le modèle des araires. Elles consistent dans un gros