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manche de quinze pouces de longueur est parallèle à la surface du terrein, & vient en avant au-dessus du soc : il est emmanché avec l’âge par deux cercles de fer : avec des coins qu’on glisse entre les cercles & l’âge, on fait plus ou moins piquer le soc, à proportion de ce qu’on les enfonce, parce qu’on donne l’ouverture qu’on desire à l’angle que forment l’âge & le soc.

Au-devant du soc il y a un petit coutre d’une figure courbe, qui est placé dans le même sens que le soc ; son manche est dans la mortoise pratiquée à l’âge à côté du talon du manche du soc : on ne voit pas de quelle utilité il peut être étant ainsi placé.

Un autre grand coutre de deux pieds & demi de long, de deux pouces de largeur, & d’un demi-pouce d’épaisseur par le dos, dont la forme est courbe, est placé dans une mortoise pratiquée vers le milieu de l’âge : sa courbure est en avant, & sa pointe vient s’unir au soc en passant dans le trou pratiqué, à cet effet, à son extrémité, dans lequel il est assez solidement fixé, & ne peut point descendre.

L’âge a neuf pieds de longueur pour pouvoir être attelée au joug des bœufs : quand on se sert de chevaux pour tirer cette charrue, on soutient l’âge à leurs colliers avec des éparts ou palons fixés vers le milieu de l’âge, on attache les traits.

L’âge est jointe au manche de la charrue par un étrier ; deux autres unissent le manche avec le soc. Le versoir fixé à la droite est placé entre le petit coutre & le soc : on voit par conséquent que c’est une charrue sans sep.

Cet instrument de culture, qu’on doit plutôt regarder comme un cultivateur que comme une vraie charrue, n’offre point tous les avantages que son auteur s’étoit promis d’en retirer. C’est une imitation défectueuse de l’araire de Provence, peu propre à ouvrir & à diviser la terre par l’assemblage des parties qui doivent opérer ces effets. L’inventeur a beau louer l’avantage qu’il a sur les autres charrues dans les terres fortes, il y entrera avec plus de peine, & jamais il n’ouvrira un sillon aussi profond que l’araire qui est une des charrues les plus légères qu’on connoisse. Cet instrument doit bien retarder l’ouvrage dans la culture des terres, parce qu’il ouvre un sillon trop étroit. Je pense que la description que je viens de donner de cette espèce de charrue suffit pour la faire connoître, sans qu’il soit nécessaire d’en tracer le dessin : elle peut en même temps désabuser les cultivateurs de sa prétendue utilité, sur-tout quand ils n’ont pas assez d’expérience pour se tenir en garde & se méfier des nouveautés qu’on leur offre avec une apparence d’avantage, & dont ils ne sont détrompés assez souvent, qu’après en avoir fait des épreuves qui n’ont servi qu’à les constituer en dépense.

Section IV.

Charrue légère qu’on emploie pour labourer les semis de bois, & pour travailler la terre entre les rangées de froment.

Cette charrue très-simple a beaucoup de rapport avec celles qui sont à versoir, & dont on se sert dans le Gâtinois : l’arrière-train est à peu près le même, excepté qu’il est beaucoup plus léger.