Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/149

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l’obscurité, si le besoin l’exige, & tant qu’elle régnera, les mouches resteront immobiles. Je conviens qu’en tenant ainsi tout fermé, les animaux souffriroient beaucoup d’une chaleur étouffée, & qu’elle peut même leur occasionner une infinité de maladies très-graves ; mais il est aisé de remédier à cet inconvénient, même dans les provinces les plus chaudes du royaume. On pratique communément à la voûte ou au plancher, des ouvertures par lesquelles on fait tomber le fourrage dans les râteliers ; ces ouvertures sont déjà d’excellens ventilateurs, & en font réellement l’office. Veut-on augmenter leur activité ? après avoir donné le foin ou la paille nécessaires, il suffit de placer tout en travers de cette ouverture un moulinet en bois, dont les ailes soient très-légères, & qu’elles la remplissent presque toute. Le plus léger courant d’air leur imprimera le mouvement, & l’air extérieur attiré par ce moyen, renouvellera celui de l’écurie, & le rafraîchira jusqu’à ce qu’il soit au même degré que celui de l’atmosphère. Dans les grandes chaleurs, tout courant paroît frais ; il ne l’est cependant pas plus que celui qu’on ressent à l’abri du courant ; mais ce dernier produit, sur les hommes comme sur les animaux, une plus grande évaporation de leur transpiration & de leur chaleur, & voilà la manière dont il rafraîchit. Serrez les lèvres, ne laissez sortir l’air contenu dans la poitrine, que par une légère ouverture, soufflez avec force sur votre main, & vous éprouverez la fraîcheur ; ouvrez la bouche, soufflez avec force sur le dos de la main, & l’air paroîtra & sera effectivement chaud ; cependant le même air fait éprouver deux sensations opposées, par la manière dont il est poussé sur la main : c’est ainsi qu’on doit raisonner du petit au grand. Si le moulinet n’attire pas assez lorsque la porte & les fenêtres sont complètement fermées, afin de conserver l’obscurité, on recourra à l’expédient dont je me sers. La charpente de la porte de l’écurie est formée de cinq pièces ; savoir, deux montans & trois traverses ; ce qui établit deux panneaux, garnis seulement par des barreaux de bois de deux pouces de largeur, & espacés d’autant ; sur la partie supérieure de chacun sont placées des ferrures destinées à supporter un contrevent en bois léger, qui recouvre & ferme exactement ; deux viroles en bois placées sur les traverses inférieures, servent à tenir ce contrevent fixé contre les barreaux. Si l’air extérieur est lourd & pesant, & qu’il règne peu de vent, alors, au moyen d’un crochet attaché à chaque contrevent, on le soulève du bas en haut, & on laisse l’ouverture nécessaire, afin qu’il passe un plus grand courant d’air. Ces contrevents imitent les traverses dont sont formés les abat-jours ; lorsqu’on les soulève, la lumière éclaire alors, & foiblement les seuls alentours de la porte, & les mouches s’y rendent, & sortent de l’écurie. Je me trouve très-bien de cette petite invention ; si elle ne m’avoit pas réussi, j’étois déterminé à faire pratiquer des espèces de cheminées, qui auroient communiqué depuis le sol jusqu’au dessus du toit de la maison. On peut, à volonté, placer & déplacer ces contrevents, & la porte devient une simple fermeture à barreaux. Le