Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/185

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qui leur est propre, laquelle peut augmenter ou diminuer. Lorsqu’un corps en contient plus que sa quantité naturelle, cet excès se décèle par une atmosphère électrique qui se forme autour de lui, & c’est cet état que ce célèbre Physicien nomme électricité positive, ou en plus. Par la raison contraire, il appelle électricité négative, ou en moins, l’état d’un corps qui contient moins que sa quantité naturelle d’électricité. Dans ce système, la bouteille de verre contient une certaine quantité d’électricité répartie sur les deux surfaces ; mais la surface intérieure ne peut s’en charger d’une surabondance, que l’extérieure ne s’en dépouille d’une quantité proportionnelle, afin que la même quantité se retrouve toujours ; la surface intérieure est électrisée positivement ou en plus, & l’extérieure, négativement ou en moins ; mais elle tend continuellement à se dessaisir de la quantité d’électricité qu’elle a acquise, & l’autre tend pareillement à reprendre celle qu’elle a perdue : ce qui s’exécute sur le champ, si on établit une communication entre les deux surfaces de la bouteille, comme il arrive lorsque quelqu’un tenant à la main le ventre de la bouteille, il touche de l’autre main le crochet qui plonge dans l’eau contenue dans la bouteille. L’effet & la violence de la commotion dépendent de la quantité d’électricité, & de la promptitude avec laquelle elle se porte d’un endroit à un autre. Si c’étoit par un corps continu, il n’y auroit point d’étincelle, & elle ne paroît qu’aux intervalles qui se rencontrent dans le corps qui sert de communication aux deux surfaces. Comme le corps humain est composé d’une infinité de parties placées les unes à côté ou au bout des autres, la ligne qui passe par les deux bras & la poitrine, & que suit l’électricité dans cette expérience, est souvent interrompue, comme au poignet, au coude, à la jonction du bras avec le tronc, à la partie antérieure de la poitrine ; à chaque interruption, il y a une étincelle, & c’est cette étincelle qui produit la commotion & la douleur.

5. Pointes, & leur pouvoir pour soutirer l’électricité. Si le fluide électrique surabondant se dissipe d’un corps par tous ses angles, pareillement les corps pointus ont le pouvoir de soutirer l’électricité avec beaucoup plus d’énergie, & de plus loin qu’un corps rond. Cette observation, due à M. Francklin, a donné naissance aux plus belles découvertes que l’homme ait pu faire, puisqu’elles l’ont rendu maître, pour ainsi dire, du tonnerre. Ce physicien immortel s’étoit apperçu qu’il se formoit une atmosphère électrique autour des corps, & que cette atmosphère s’étendoit plus loin aux angles des corps que par-tout ailleurs, ce qui lui fit imaginer que les pointes pouvoient soutirer de plus loin & plus efficacement la matière électrique, que tout autre corps rond ou mousse. L’expérience le démontra bientôt ; car il est de fait que les pointes soutirent la matière électrique de beaucoup plus loin que tout autre corps, & qu’on peut électriser, à une très-grande distance, une personne isolée qui, tenant une pointe à la main, la présente au conducteur. Il est encore de fait qu’une pointe approchée à une certaine distance du conducteur, affoiblit considéra-