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guère de cet émétique que pour les enfans, & il leur convient mieux à cause de l’âge & de la grande irritabilité dont ils sont susceptibles ; & aux vieillards à cause de leur foiblesse. Ce sirop est fort à la mode à Montpellier ; je l’ai très-souvent donné à des enfans dont l’estomac étoit farci de lait mal digéré, & il a toujours produit les meilleurs effets. Je n’en saurois assez recommander l’usage. La dose à laquelle on le donne pour les enfans de deux à huit ans, est d’une goutte jusqu’à huit ; de huit ans à quinze, de six gouttes jusqu’à vingt ; et pour les adultes, depuis dix-huit jusqu’à trente & quarante gouttes. J’ai cru devoir m’arrêter à donner les doses de cette préparation émétique, parce que tout cultivateur peut en avoir chez lui une petite topette, qui n’est jamais inutile dans un ménage, sur-tout lorsqu’il y a des enfans, & qu’on habite une maison de campagne. M. AM.


EMMANEQUINER. C’est renfermer les racines d’un arbre ou d’une plante dans un mannequin. Ce mannequin est un pannier fait avec de l’osier ou de petites branches de saule. Après sa reprise, on tire de terre le mannequin & on plante l’arbre dans l’endroit qu’on lui destine, sans déranger ses racines ni la terre qui les environne ; cette méthode est bonne en elle-même & préjudiciable entre les mains des jardiniers ou pépiniéristes. Afin que les racines entrent entièrement dans le mannequin, ils coupent le pivot, mutilent les racines, remplissent le mannequin de terreau, l’arrosent très souvent ; l’arbre malade par les amputations qu’on lui a faites, reprend & végète à force de soins ; son enfance est si pénible, si laborieuse, que, sorti des mains des pépiniéristes, il ne réussit presque jamais. Emmanequiner, suppose un arbre ou une plante précieuse, autrement les soins excéderoient la valeur. Afin de ne point mutiler l’arbre, il convient de l’emmanequiner aussitôt que faire se peut. Si le semis a été fait dans des vases, la chose est facile ; il n’en est pas ainsi en pleine terre.


EMMÉNAGOGUE, Médecine rurale. Les femmes sont sujettes à un écoulement de sang périodique, qui revient tous les mois, qu’on appelle mois, menstrues, flux menstruel, règles ; elles sont aussi soumises, après l’accouchement, à un écoulement sanguin, toujours suivi d’une perte blanche, laiteuse, qui dure deux à trois semaines, & qui est connue sous le nom de lochies ou vidanges. (Voyez Arrière-faix)

On comprend dans la classe des emménagogues, les médicamens qui provoquent les mois, & ceux qui excitent les lochies.

On emploie ces remèdes dans la suppression de ce flux, ou dans sa diminution ; nous nous contenterons d’indiquer de faire connoître les différens emménagogues que les trois règnes de la nature nous fournissent, les cas où ils sont indiqués, ceux où ils sont contre-indiqués, & le choix des uns sur les autres.

En premier lieu, le règne végétai nous offre l’aristoloche ronde, l’armoise, la matricaire, la rue, la mélisse, la menthe, le marrube blanc, la sabine, les feuilles de souci, le safran, la myrrhe, la gomme ammo-