Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/210

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ÉMOTTER. C’est briser les monceaux de terre qui sont restes réunis après avoir été soulevés avec la charrue, ou avec tel autre instrument ; on appelle motte cette portion de terre. Toutes les fois qu’on laboure, lorsque la terre est trop humide, elle est soulevée par morceaux : si on n’a pas soin de herser aussi-tôt après, & sur-tout s’il survient une sécheresse, on a beaucoup de peine ensuite à la diviser : si la sécheresse succède tout-à-coup à de fortes pluies & qu’on laboure dans cette circonstance, il sera difficile de ne pas avoir un champ couvert de mottes. Si un troupeau a souvent passe & repassé dans un champ humide, la terre en est corroyée, & avant de la diviser & de la préparer à recevoir la semence, elle exige le triple de peines & de soins.

On parvient à diviser les mottes à force de herser, & non pas en passant par-dessus des rouleaux qui enfoncent les mottes dans la terre meuble ; pour peu qu’elles soient dures, lorsque la herse (voyez ce mot) ne peut suffire ; des femmes, des enfans, armés d’un maillet de bois longuement emmanché, suivent le champ d’un bout à l’autre avant & après l’opération de la semaille, & brisent les mottes. Cette opération est souvent indispensable pour les blés, & presque toujours très-urgente pour les luzernes, les trèfles, &c. On sent bien qu’une graine aussi fine que celle de ces plantes, sera étouffée & ne germera pas sous un monticule de terre de cinq à six pouces de diamètre. Les luzernes, les esparcettes ou sainfoins, les trèfles sont semés à demeure pour plusieurs années ; si on a manque l’opération dans le début, on regrettera bientôt de n’avoir pas pris les précautions essentielles à la réussite.


EMPAILLER. C’est couvrir ou entourer avec de la paille les plantes qui craignent le froid, & les garantir de ses rigueurs : on empaille les céleris pour les faire blanchir, lorsqu’on ne craint pas encore les gelées, ainsi que les cardons, les chicorées, &c. Dans nos provinces du nord on empaille les figuiers à l’entrée de l’hiver ; mais il faut avoir soin de soutenir les branches par des tuteurs, de peur que, chargées de neige, elles ne succombent sous le poids. On empaille les groseilliers dès que leurs fruits sont mûrs, afin de les mettre à couvert des rayons du soleil, de la pluie, des effets des météores, & par ce moyen on conserve ces fruits jusqu’à l’arrière-saison.


EMPHYSÈME, Médecine rurale. L’emphysème est une tumeur flatulente, diffuse, élastique, qui rend un gazouillement, un petit murmure qui paroît être produit par l’air s’échappant sous la pression du doigt.

L’habitude du corps peut être entièrement affectée de cette maladie, de même que certaines parties isolés. L’emphysème est appelé général ou particulier.

On ne connoît qu’une cause qui concourt toute seule à la formation de cette tumeur ; c’est toujours l’air, qui s’introduit de plusieurs manières dans le tissu cellulaire ; d’après cela, elle peut-être considérée sous deux points de vue ; ou comme symptôme