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disjoint plus ou moins cette douille. Le moyen de remédier à cet inconvénient, est de placer sous l’entonnoir, & d’y clouer une seconde douille dans laquelle la première doit entrer ; cette seconde supportera tout le poids de la mal-adresse des ouvriers, & celle de [intérieur ne recevra aucun dommage.

Les fabricans des entonnoirs à billot, choisissent de préférence les bois blancs ; ils sont plus aisés à creuser, à unir, & l’ouvrage fait plaisir à la vue. Ces bois sont sujets à se tourmenter, parce qu’ils passent successivement de l’humidité à la grande sécheresse ; dès-lors ils se gercent, ils se fendent ; on a beau ajouter coton sur coton pour boucher les gerçures, le vin répand toujours. Le propriétaire vigilant, plusieurs jours avant de se servir de ces entonnoirs, & lorsqu’ils sont dans le plus grand état de siccité, doit les faire garnir avec du coton ou de la filasse trempée dans du goudron très-chaud ; les brins se collent alors parfaitement les uns contre les autres, & ce calafat prévient la perte du vin. Ceux qui pourront se procurer un billot de châtaignier bien sain, commenceront par l’écorcer, & le tenir ensuite dans un lieu très-sec, au moins pendant deux à trois ans. Lorsque ce bois a acquis une grande siccité, c’est le cas alors de le débiter, de le travailler ; &c. on aura plus de peine, j’en conviens ; maison en sera amplement dédommagé par fa durée.

Une comporte, banne ou benne, (voyez Fig. 13 de la planche XVII page 608 du tome III), sert à former l’entonnoir de la seconde espèce ; avec cette différence cependant que le derrière est de six à huit pouces plus élevé que le devant, afin de retenir le vin lorsqu’on le vide en grande masse dans cet entonnoir : il est percé dans le milieu comme le précédent, & garni de fa douille.

La même comporte, garnie dans le milieu d’un vaste entonnoir de fer blanc, dont la partie la plus large est clouée sur le fond de la comporte, fournit la troisième espèce. Ce cône est criblé de trous par lesquels le vin s’écoule vers la douille, & de la douille dans le tonneau ; il sert à retenir dans le grand entonnoir les pépins, les grains de raisin, les écorces, les grappes, &c de manière que le vin est entonné entièrement dépouillé de tout corps étranger. Le haut du cône est ouvert & terminé par un tuyau de quatre à six pouces de hauteur, & dont le diamètre est un peu plus considérable que celui de la douille qui correspond à l’ouverture du tonneau ; ce tuyau reçoit un morceau de bois presque de son diamètre, un peu moins gros dans le bas & garni de filasse, de minière que, lorsque le tonneau est plein ou presque plein, on le laisse tomber à fond ; il bouche l’ouverture de la douille & retient le via dans L’entonnoir.

La convexité des tonneaux ne permet pas que les entonnoirs soient bien assis. On doit avoir des coins en bois d’une grandeur & d’une longueur proportionnée, que l’on glisse entre la partie supérieure du tonneau, & l’inférieure de L’entonnoir ; sans cette précaution on perd beaucoup de vin.


ENTONNOIR. (Fleur en) Fleurs en entonnoir ou infundibuliformes, c’est le nom que M. Tournefort a donné à certaines corolles qui imitent