Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/246

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pourvu essentiellement en les garnissant, pour ainsi-dire, d’un habillement propre à chaque partie. Aussi voyons-nous que l’enveloppe de la fleur, celle du bouton & celle de la semence ne sont pas les mêmes. En les examinant de près, en les analysant, nous remarquerons facilement cette différence, & nous ne pourrons nous empêcher d’admirer la sagesse & l’intelligence qui ont préside à leur tissu.

L’enveloppe de la fleur est cette partie la plus intérieure, celle qui enferme immédiatement le pistil & les étamines ; c’est la corolle proprement dite. La fonction de protéger ces organes, de veiller sur leur développement, & de les mettre à l’abri des corps extérieurs qui pourroient ou les blesser ou les altérer, la distingue essentiellement du calice qui à son tour enveloppe la corolle, (Voyez les mots Calice & Corolle) La corolle doit présider à l’hyménée de la plante, c’est le lit nuptial où doit se consommer le grand acte de la reproduction végétale. Tout rappelle une si glorieuse destination ; tout ce que la nature a de plus brillant & de plus riche en couleur, elle l’a prodigué à cette partie. Sa beauté & son éclat annoncent une fête. Tant que le pistil & les étamines sont dans l’enfance, la corolle n’est pas encore enrichie de tous ses atours ; le jour indiqué n’est pas arrivé, mais, à mesure qu’ils se fortifient & que l’instant approche, la corolle se revêt plus richement ; le vert tendre ou le blanc jaunâtre qu’elle avoit auparavant, se colore de plus en plus, & prend des couleurs décidées, ou des nuances les plus variées & les plus agréables. Enfin, la corolle s’entrouvre au moment où le pistil & les étamines ont acquis la force & la vigueur nécessaires pour consommer la reproduction. Tout est fini pour elle, les vues de la nature sont remplies, ses soins sont superflus ; aussi périt-elle bientôt après. On peut consulter le mot Corolle, sur les avantages divers que la plante en retire en général.

L’enveloppe du bouton n’est pas moins admirable ; le bouton, comme on peut le voir à ce mot, est toute la plante entière en miniature ; tiges, feuilles, fleurs, le microscope y retrouve tout : cet enfant précieux est le germe qui doit reproduire un jour une infinité de plantes semblables. Mais l’état de foiblesse & de délicatesse où il est, mérite tous les soins de la nature ; aussi l’a-t-elle enveloppé de plusieurs écailles, qui le recouvrent d’un duvet qui le tient chaudement, & d’un suc visqueux qui réunit toutes les parties les unes avec les autres, & empêche l’eau des météores de pénétrer jusqu’au centre. (Voyez les mots Bouton & Écailles)

Le fruit renferme le précieux dépôt de la semence, la graine ; mais la graine est ordinairement un corps dur & sec ; il ne demande pas autant de précaution pour être conservé, & ne court de vrais dangers qu’avant sa maturité, par les accidens qui pourroient détacher la graine du cordon ombilical, & l’empêcher, par conséquent, de mûrir. Le péricarpe (Voyez ce mot) remplit ce double objet : composé lui-même de plusieurs membranes, dans lesquelles se perfectionnent les sucs nourriciers, il transmet à la graine les principes nécessaires à la formation & à son accroissement, en