Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/266

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un régime bien observé est souvent plus efficace contre cette maladie que tous les remèdes que l’on pourroit indiquer. (Voyez Régime)

L’ouverture du crâne des animaux qui sont péris de l’épilepsie idiopathique, a constamment montré à celui qui a voulu s’instruire des causes prochaines de cette maladie, ou un épanchement sanguinolent dans les ventricules, ou une humeur gélatineuse, répandue entre la dure & la pie-mère, ou des suppurations, ou des pustules, ou des abcès, ou des varices, ou des hydatides, ou des matières plâtreuses, & tous les différens désordres décrits dans les articles précédens.

L’épilepsie sympathique est une maladie qui tire sa cause primitive d’une autre partie que de celle qui est affligée : elle peut avoir lieu toutes les fois qu’une ou plusieurs des parties qui composent toute la structure de l’animal, hors du crâne, éprouvent des maladies capables d’irriter les nerfs, les tendons, les aponévroses, &c. de manière à exciter un mouvement convulsif, qui, venant à se communiquer au cerveau, fait que le malade tombe tout à coup sans sentiment, & reste pendant le paroxysme en proie aux contorsions les plus frappantes.

On guérit les animaux qui sont atteints-de cette espèce d’épilepsie, avec assez de facilité. J’ai vu un cheval de carrosse, atteint d’un paraphamosis qui lui fit éprouver plusieurs attaques violentes d’épilepsie sympathique ; le membre de cet animal étoit développé dans toute sa longueur, le volume en étoit énorme. Le fourreau s’étoit retiré jusque sous le ventre, où il formoìt un bourrelet très-compacte ; il comprimoit si fortement le membre, que la circulation du sang veineux paroissoit entièrement interceptée, & que l’étranglement que cette compression faisoit éprouver au canal de l’urètre, s’opposoit absolument à l’écoulement des urines. Tant que cet engorgement subsista, le cheval eut plusieurs attaques d’épilepsie sympathique.

Une diète sévère, des saignées, abondantes, des boissons blanchies par le son de froment, des breuvages préparés avec les décoctions des feuilles, tiges & racines d’oseille & de chiendent, les lavemens avec les décoctions de mauve nitrées, l’usage des cataplasmes, émolliens qu’on renouvelois plusieurs fois le jour sur le bourrelet & le long du membre qu’on soutenoit sur le plan d’une ligne horizontale, à l’aide d’un bandage triangulaire, dont deux bandes antérieures, se nouoient sur les reins, & une postérieure passoit entre les cuisses, montoit le long de la croupe, pour être attachées aux deux autres ; tous ces petits soins relâchèrent en peu de jours l’extrémité inférieure du fourreau qui formoit le bourrelet. Les attaques de l’épilepsie sympathique disparurent totalement ; l’écoulement : des urines se rétablit entièrement ; le membre remonta peu-à-peu dans son fourreau ; les contusions & les plaies que le cheval s’étoit faites à la tête, pendant la durée des accès, ne furent guéries que long-temps, après la maladie principale.

Et comme ces secousses horribles peuvent occasionner la perte des yeux, des dents, & peut-être même celle de la vie à l’animal qui est