Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/290

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mal ne manqueroit pas de se renouveler par cette voie ; mais on pourra, sans aucun danger, se servir de ce foin & de cette paille, pour nourrir les chevaux & les brebis ; la contagion n’attaque jamais que les animaux d’une même espèce.

Monsieur Sauvage rapporte que la maladie épizootique qui se répandit en Europe dans le courant des années 1745, 1746 & 1747, se manifestoit par des boutons qui paroissoient sur la peau des vaches qui en étoient attaquées. On employa pour lors avec succès le remède suivant : on commença d’abord par ouvrir les boutons qui paroissoient, ou lorsqu’il n’y en avoit point, par faire deux ou trois incisions à la peau, dans les endroits où l’on voyoit de l’enflure ; on mettoit dans ces incisions une pincée de la seconde écorce de groseillier noir ; avant d’insérer cette écorce de cassis, on faisoit passer le doigt dans les ouvertures faites à la peau, & on faisoit ainsi sortir le pus qui s’y trouvoit ; on renouveloit ces tentes pendant trois ou quatre jours, & avant de les ôter pour en mettre d’autres, on ne manquoit pas de presser la peau autour des incisions, pour faire sortir la matière que les tentes avoient attirée : on purifioit ensuite les écuries ou étables ; on prenoit, à cet effet, une once d’assa-fœtida, une once de camphre, deux têtes d’ail, le tout bien pilé & mêlé ensemble ; on partageoit cette composition en deux, & on mettoit successivement la moitié dans une bassinoire pleine de charbon bien ardent, à quoi on ajoutoit une pincée de bois de genièvre ; ensuite, après avoir fermé exactement la porte de l’étable, on portoit cette bassinoire sous le nez de chaque bête malade : on a aussi éprouvé avec succès, dans ce temps, qu’en enfumant les écuries de la graine de genièvre mise sur le feu, & qu’en jetant un verre de vinaigre avec une pincée de poivre, sur une tuile ou brique bien rouge, les bestiaux qu’on logeoit ensuite dans cette écurie ainsi parfumée, se trouvoient garantis de la maladie contagieuse qui régnoit dans ce temps.

Dans le pays Messin on se servoit pour inférer dans les incisions qu’on faisoit à ces animaux, au lieu de seconde écorce de cassis, de la racine d’ellébore puant, connu plus particulièrement sous le nom de pied-de-griffon.

En 1757 M. Lugard, médecin à Londres, donna l’essai suivant sur la nature, les causes & la guérison d’une maladie contagieuse qui régnoit alors en Angleterre parmi les bêtes à cornes. Le bétail qui en étoit menacé, dit M. Lugard, perdoit l’appétit ; il lui découloit une sérosité des naseaux ; il avoit de la peine à avaler ; branloit la tête comme s’il avoit quelque démangeaison aux oreilles ; il alloit de côté & d’autre, & tous ses mouvemens dénotoient beaucoup de souffrance ; excepté le dernier symptôme, les autres augmentoient pendant quatre jours ; ensuite le bétail devenoit engourdi, il ne vouloit point marcher, étoit extrêmement foible & absolument sans appétit, frissonnoit de tout le corps, & toussoit beaucoup, ce qui augmentoit l’écoulement d’humeur par les yeux & par les naseaux : on sentoit la tête, les cornes & l’haleine très-chaudes ; & en même temps les autres parties très-froides. Pendant les trois premiers jours la fièvre, qui étoit