Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/311

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piqûre des mouches dans les autres endroits du corps ; il ne suinta rien de la plaie, & il mourut le 31 vers les 5 heures du soir. Nous en fîmes l’ouverture le premier septembre de bon matin ; il étoit puant & avoit le ventre enflé ; il en sortit quantité de vents de très-mauvaise odeur. Tous les viscères ne montroient rien de remarquable, excepté quelques taches d’inflammation ; l’estomac seulement étoit plein de foin, quoique cette bête eût demeuré sans manger trois jours avant sa mort ; les intestins étoient vides. Le péricarde étoit rempli d’une grande quantité de lymphe un peu sanguinolente, dans laquelle le cœur étoit noyé, & la base de ce viscère en étoit abreuvée, spongieuse, & comme macérée. Tout le devant du col, depuis le poitrail jusqu’à la ganache, c’est-à-dire, toute la tumeur n’étoit sous le cuir qu’un amas de fibres, les unes blanches, d’autres livides, toutes macérées & abreuvées par une limphe mucilagineuse, semblable à de la morve un peu rousse. Les chairs des environs étoient aussi très-humides & livides ; ailleurs elles étoient saines.

Quatrième ouverture. Une brebis trouvée tout auprès de St. Agnan le 2 septembre, étoit encore chaude quand on l’ouvrit : selon toutes les apparences elle venoit de mourir. La peau qui se trouva dépourvue de laine entre les quatre jambes, étoit parsemée d’exanthèmes rouges & pourprés ; il y avoit sous la gorge, entre les deux branches de la mâchoire inférieure, une tumeur plus grosse que le poing, qui étant ouverte a répandu beaucoup de sérosités rousses, dont tout le tissu cellutaire étoit infiltré aux environs, sous la peau & dans l’intérieur des muscles. Cette humeur n’étoit autre chose qu’un amas de sérosités & de fibres macérées depuis le dessous de la gorge jusqu’à la base du cerveau, qui en étoit aussi abreuvé ; d’ailleurs, il n’y paroissoit pas de marques de gangrène ; sans doute, parce qu’avant qu’elle fût venue, l’animal foible & délicat n’avoit pu résister plus longtemps sans succomber à la mort ; le reste du corps étoit sain, tant en dedans qu’en-dehors, excepté que les intestins se trouvoient vides. Les trois derniers estomacs n’étoient pas trop pleins, mais l’omasus renfermoit une grande quantité d’herbes. Le foie avoit quelques schirrosités anciennes & indépendantes de la maladie épidémique. La vésicule du fiel avoit sa couleur naturelle de même que la bile ; le reste étoit enflé & gorgé d’un sang noir.

Cinquième ouverture. Le 7 septembre nous examinâmes six brebis mortes dans un champ de St. Agnan ; les cinq premières n’avoient à l’extérieur du corps d’autres symptômes que des taches pourprées dans des endroits dépourvus de laine entre les jambes : la sixième en avoit beaucoup plus ; outre cela, le sang lui sortoit par les narines & par le fondement qui étoit enflé à sa circonférence : nous choisîmes celle-là pour en faire l’ouverture. La tête & tout le reste du corps se trouvoient sains & sans inflammation. Le premier estomac appelé omasus, étoit distendu & farci d’herbes ; le reticulum ou réseau en contenoit moins à proportion ; le livret en avoit une petite quantité un peu durcie ; la franche-mule contenoit une liqueur bourbeuse de couleur de vert-brun, ses parois en étoient rouges, & ses