Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/316

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fit un cri aigu, qu’il répéta plusieurs fois avec précipitation, comme pour dire à ses camarades, approchez, nous n’avons rien à craindre. À ce signal, toute la bande accourut ; je pris mon fusil, j’approchai doucement ; la sentinelle toujours à son poste, toujours attentive, toujours l’œil alerte, m’apperçut ; aussitôt elle fit un autre cri, mais bien différent de celui qu’elle venoit de faire pour convoquer l’assemblée : à ce nouveau signal, toute la bande précédée de la sentinelle, & sans doute conductrice en même temps, s’envola ; je lâchai mon coup de fusil en l’air pour les intimider ; je réussis effectivement pour quelques jours ; mais vers le quatrième, je les vis reparaître à une certaine distance comme la première fois, & gardant toujours le plus profond silence. Il me vint alors à l’esprit une plaisante idée, que j’exécutai sur le champ : j’enlevai le phantôme ; je vêtis ses haillons, & je me postai à sa place dans la même attitude, les bras tendus, & armé d’un bâton ; il est probable que nos rusés maraudeurs ne s’apperçurent pas du changement. Après une demi-heure d’observation, j’entendis le signal ordinaire, & immédiatement après, je vis la bande entière s’abattre d’un plein vol au milieu du champ & presque à mes pieds : préparé comme je l’étois, il étoit presque impossible que je manquasse mon coup ; j’en assommai deux, & le zeste s’envola ».

« Le moyen dont je me suis servi, & qui les a écartés pour toujours, est simple. Il consiste à changer le phantôme de place & d’habillement deux fois par jour ; cette diversité de forme & de situation en impose aux maraudeurs ; défians comme ils sont, ils abandonnent enfin la partie ».


ÉPREINTE. C’est une douleur très-vive qu’on ressent à la matrice, à la vessie & sur-tout au fondement avec des envies continuelles d’aller à la garde-robe ; elle est presque toujours plutôt un symptôme des maladies, que la maladie essentielle ; aussi on l’observe dans le ténesme, dans la dyssenterie & dans les hémorroïdes très-opiniâtres qui ne fluent pas.

On voit, d’après cet exposé, que les épreintes peuvent être produites par une infinité de causes ; de ce nombre sont le ténesme, la dyssenterie, la diarrhée, le calcul dans la vessie, des carnosités dans l’urètre, le racornissement de la vessie, l’ulcération du fondement, des fistules à l’anus, la constipation produite par l’inflammation ou par un état spasmodique de la membrane interne du rectum ; la difficulté d’uriner, la dysurie, la strangurie, l’ischurie, la chute de la matrice compliquée, d’inflammation.

Le traitement des épreintes se rapporte à la cause qui les produit. Si elles dépendent de l’âcreté des matières retenues dans le rectum, les lavemens émolliens faits avec les feuilles de bouillon blanc & la graine de lin y produiront les plus heureux effets.

Si elles sont l’effet du calcul dans la vessie, de son racornissement, des carnosités dans le canal de l’urètre, on fera baigner ces parties ; on facilitera la sortie des urines avec la sonde, & en introduisant des bougies dans le canal urinaire. Si elles reconnoissent pour cause la chute