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le tempérament & la constitution étoient ruinés, recouvrer une santé des plus solides, après un ou deux mois d’usage de ce lait ; mais on doit faire le choix d’une bonne nourrice, & avoir grande attention à ce qu’elle ne soit infectée d’aucun vice. M. AM.


Épuisement, Médecine vétérinaire. C’est une foiblesse de tous les membres de l’animal.

Les signes de cette maladie ne sont point équivoques ; les animaux qui en sont attaqués, ressentent, à chaque mouvement qu’ils font, des douleurs dans les membres ; les muscles destinés à les transporter d’un endroit à un autre, ne se contractent que lentement & avec peine, & s’ils sont quelquefois obligés de marcher long-temps, on s’apperçoit que les forces diminuent, & qu’ils sont souvent obligés de tomber & de se coucher.

Il y a quatre espèces d’épuisemens.

Première espèce. C’est une fatigue outrée, connue particulièrement dans le cheval, sous le nom de fortraiture. (Voyez Fortraiture)

Seconde espèce. C’est une foiblesse occasionnée par défaut de nourriture. La maigreur est manifeste, la foiblesse des muscles est considérable, l’animal peut à peine marcher, & il succombe ordinairement au moindre poids qu’on lui fait porter. Cette maladie vient le plus souvent de la cruauté des bouviers, qui, sous prétexte d’économiser sur les alimens des bœufs, leur font souffrir la faim, en exigeant encore de ces animaux la même somme de travail.

Troisième espèce. Elle est une suite des alimens de mauvaise qualité. L’animal est dégoûté, lâche, peu ardent au travail ; les boulets s’engorgent à la moindre fatigue, sur-tout s’il habite des endroits marécageux.

Quatrième espèce. Elle est produite par un excès de l’acte vénérien. Cet état regarde seulement l’étalon & le taureau, qui en sont ordinairement atteints lorsqu’on leur laisse saillir en liberté un trop grand nombre de jumens & de vaches. Il est aisé de s’en appercevoir par la chute des poils, & sur-tout par ceux de la crinière & de la queue, par la maigreur, la foiblesse, la tristesse, le dégoût, & par l’habitude qu’ils ont de se coucher rarement.

Traitement. D’après cette division, il est très-facile de comprendre que chaque espèce d’épuisement exige un traitement analogue.

Dans la première espèce, il faut mettre en usage les remèdes indiqués à l’article fortraiture. (Voyez Fortraiture)

Dans la seconde, nous invitons les bouviers, au lieu de faire endurer la faim à leurs bœufs, d’augmenter insensiblement la nourriture, de leur donner du foin & de l’avoine, de leur faire boire de l’eau blanche chargée de beaucoup de farine, & pour leur donner plus appétit de laver la langue avec du sel & du vinaigre.

Dans la troisième, on doit nourrir le bœuf & le cheval avec du foin choisi, contenant beaucoup de plantes aromatiques ; leur donner, pendant deux ou trois jours à jeun, une chopine de vin vieux, les étriller tous les matins, les faire boire de l’eau pure aiguisée de sel