Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ceau de blé, le feroit pourrir & la chaux ne cristalliseroit pas & resteroit en pâte, ou du moins elle cristalliseroit en laissant des gerçures ou passages à l’air ; il faut encore que cette chaux attire à elle l’humidité surabondante du grain, s’il y en reste.

Ces deux exemples prouvent démonstrativement que sans action de l’air, il n’y a point de fermentation ni de corruption ; par conséquent, un fruit mis sous le récipient de la machine pneumatique, duquel on a pompé l’air, s’y conserve pendant plusieurs années : n’est-il donc pas dans l’ordre de dire que les deux faits cités par les amis de la transmutation, prouvent seulement que les grains d’avoine, trop profondément enterrés pendant plusieurs années, s’y sont conservés frais & sains, mais qu’ensuite ramenés vers la surface, par des labours plus profonds qu’à l’ordinaire, ils y ont germé, végété & par leur quantité étouffé le bon grain ? Le loup ne se transmue jamais en renard, ni le renard en chien, quoique ces trois animaux soient du même genre ; il peut de leur accouplement naître des races adultérines & non des métamorphoses entières. Des fumiers amoncelés pendant plusieurs années & répandus sur les champs, ne portent-ils pas avec eux une quantité de grains qui y germent & prospèrent ? Les vesces dont on nourrit les pigeons, &c. en sont la preuve ; cependant leur putréfaction auroit dû être la suite de l’humidité du fumier combinée avec sa chaleur ; ce qui n’arrive pas toujours & ce qui est prouvé par l’expérience journalière.

La loi générale qui sépare les espèces naturelles des animaux, sépare également les espèces naturelles des plantes, & la barrière, mise entre elles, par la main de l’éternel, est insurmontable, sans quoi l’ordre admirable de cet univers seroit bientôt bouleversé. L’expérience m’apprit que l’avoine-folle ou avena-fatua, Lin., dont le calice renferme trois fleurs, & dont une avorte ordinairement, jetée en terre avec le blé, sans avoir séparé les deux grains de cette avoine, l’un pousse la première année & l’autre la seconde. Dira-t-on encore que même après avoir choisi grain à grain le froment ou le seigle destiné aux semailles, il se soit fait une transmutation pendant cette seconde année ? Observons plus attentivement la nature, les loix d’après lesquelles elle agit & nous ne nous laisserons plus séduire par des apparences.


ESPRIT ARDENT. (Voyez Eau-de-vie)


Esprit, Pharmacie. Substance spiritueuse tirée des vins, & qu’on rend plus pénétrante, plus active sur l’odorat, par l’addition de substances aromatiques. L’usage habituel des spiritueux de ce genre est nuisible ; ils sont avantageux dans les syncopes ; mais sans recourir à toutes ces préparations pharmaceutiques, n’est-il pas plus simple de faire respirer du bon vinaigre, d’en frotter les tempes, de porter au courant d’un air frais la personne syncopée, ce qui seroit bien plus naturel, & pour le moins tout aussi avantageux. On trouve dans toutes les boutiques, les eaux spiritueuses de lavande, de Cologne, &c. il vaut mieux les acheter, que de les préparer.