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pourroît pas les avaler. On peut aussi, par le secours des lavemens, fournir dans ce cas, au malade, la nourriture qui lui est nécessaire pour soutenir ses forces pendant quelques jours. Mais il est indispensable qu’ils contiennent un suc nourricier tout prêt, tel que les œufs délayés, le lait coupé avec l’eau, les décoctions légères de son, celles de pain, celles d’orge, de blé, d’avoine. On injectera aussi fréquemment dans l’arrière-bouche des gargarismes d’eau nitrée, miellée ; on emploiera ensuite ceux d’eau acidulée avec le vinaigre ; on fera respirer les vapeurs d’eau bouillante, tantôt nitrées, tantôt acidulées ; & comme ces remèdes attaquent le mal directement, on doit les répéter très-souvent ; on appliquera extérieurement des cataplasmes de feuilles de mauve, de pariétaire auxquels on ajoutera la fleur de sureau, lorsque toutes les parties enflammées sont relâchées, les épispastiques appliqués sous la gorge, produisent quelquefois la résolution la plus heureuse.

Si l’esquinancie menace de suffoquer l’animal, malgré l’usage des remèdes indiqués, & que les symptômes, quoique très-alarmans, n’annoncent pas que l’inflammation soit devenue gangreneuse, alors il faut avoir recours à l’opération qu’on appelle bronchotomie, ayant attention de faire l’ouverture de la trachée-artère environ à six pouces au-dessous de l’engorgement qui s’oppose à la respiration.

Si enfin l’esquinancie vraie a fait des progrès, & qu’il se soit formé un abcès, on tâchera de le faire ouvrir par l’application des cataplasmes émolliens & relâchans ; s’il se trouve à portée d’être observé, que la tumeur soit molle, & que la matière contenue dans le sac soit au point de maturité convenable pour être évacué avec facilité, on en fera l’ouverture de la manière que l’art le prescrit ; (voyez Abcès) ce pus étant évacué, on mettra l’animal à l’usage des tisannes détersives, on en injectera une partie dans l’arrière-bouche, & on fera avaler le reste en différentes reprises au malade. En cas de gangrène, les vapeurs que l’on fera respirer à l’animal, seront les décoctions de fleurs de sureau, & dans L’espérance de faciliter la séparation de l’escarre, on pourra les injecter dans l’arrière-bouche, ainsi que l’oximel délayé dans ces mêmes décoctions.

Dans le traitement de l’esquinancie fausse, si l’orifice des vaisseaux lymphatiques a été resserré par le froid, on appliquera extérieurement des cataplasmes émolliens, & on fera respirer à l’animal les vapeurs des décoctions émollientes ; si l’engorgement des vaisseaux lymphatiques est occasionné par des obstructions, des concrétions qui gênent le cours des humeurs, si elle est causée par un squirre, on emploiera les résolutifs, ou les corrosifs, ou les incisions, ou les vésicatoires, ou les scarifications ; & les remèdes internes seront les purgatifs hydrologues, les sudorifiques, le régime échauffant, desséchant ; on privera l’animal des liquides, sur-tout si la fausse esquinancie est causée par une infiltration du tissu cellulaire qui se remplit de sérosités.

Il arrive quelquefois que l’esquinancie vraie est épizootique. En 1762. elle attaqua les bêtes à corne & un