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Avant de donner le premier coup de pioche, il convient d’examiner si on aura la facilité de procurer écoulement non-seulement des eaux qui affluent chaque jour, mais encore de toutes celles qui tombent par averse pendant les orages, ou qui s’y rassemblent après des pluies consécutives & de durée ; sans cette précaution, la construction de l’étang est plus qu’équivoque.

III. De la chaussé. C’est la partie la plus essentielle & l’âme de l’étang ; enfin, celle qui supporte le poids énorme de la masse d’eau. Lorsqu’on a désigné la place que doit occuper la chaussée, & avant de commencer sa construction, il faut travailler à la construction de la porte de l’écluse, ou bonde ou pale ; cette partie sera en bonne & solide maçonnerie. La plus légère parcimonie tire à la plus grande conséquence. Choisissez-donc la meilleure chaux, la pierre dure & les meilleurs ouvriers.

Si la chaussée a, par exemple, huit à neuf pieds d’élévation, son diamètre, dans la partie supérieure, doit avoir l’épaisseur de huit à neuf pieds ; & celui de la base sera au moins le triple de la hauteur, par conséquent de vingt-quatre pieds de diamètre, sur huit de hauteur ; de vingt-sept sur neuf, dé trente sur dix ; il est même très-prudent d’étendre beaucoup la base ; mais le principe qu’on vient d’établir est de rigueur, & il offre le plus petit diamètre qu’on puisse donner.

Une chaussée de huit pieds d’élévation, doit supporter seulement une colonne d’eau de six pieds de hauteur, & ainsi proportionnellement sur toutes les hauteurs. Ces deux pieds en sus, servent à retenir les vagues causées par les vents, car si l’eau ainsi agitée passe par-dessus la chaussée, elle est perdue, à moins qu’elle ne soit recouverte en-dessus, & du côté de l’écoulement, d’une forte maçonnerie, objet très-coûteux.

Supposons donc une chaussée qui aura huit pieds d’élévation, autant de crête & vingt-quatre pieds de base. On doit choisir l’endroit le plus profond, le plus bas du local, enfin le mieux situé, pour que l’eau puisse s’écouler librement. On pratiquera dans cet endroit un canal en maçonnerie, d’un diamètre de dix-huit à vingt-quatre pouces en tout sens ; enfin proportionné au volume d’eau qui doit y passer. La base de ce canal doit avoir deux pieds d’épaisseur en maçonnerie, & être portée sur une masse d’argile bien corroyée & bien battue. Les côtés & le dessus construits, le même corroi doit régner tout autour ; la précaution est indispensable, afin de prévenir l’affouillement des eaux, qu’il est presque impossible de réparer dans la suite, sans une dépense presque égale à celle de la première construction. Si on a de la pouzzolane, c’est le cas de la mêler au mortier employé à la construction, & d’en parer la maçonnerie dans les parties intérieures du canal ; elle préviendra les infiltrations. On peut encore employer le béton. (Voyez ce mot) La partie de la maçonnerie qui correspond à l’intérieur de l’étang, doit être élevée en pierres de taille, solidement posées & liées avec la masse de la maçonnerie du canal ; dans ces pierres sera creusée la rainure dans laquelle doit glisser l’empalement destiné à intercepter à l’eau sa sortie de ce canal ; enfin l’ouverture du canal