Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/462

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
§. II. Description des parties mâles.

L’anthère ou sommet de l’étamine, est, comme nous l’avons vu à ce mot, une petite bourse dans laquelle est renfermée la poussière fécondante. Que l’on jette les yeux sur la gravure qui l’accompagne, & l’on en remarquera facilement la forme, sur-tout dans les fig. 7 & 8, où l’on peut distinguer les grains de la poussière fécondante ; chacun de ces grains est lui-même une petite boîte qui renferme dans une espèce de vapeur ou de liqueur extrêmement subtile, & qui paroît huileuse, un nombre prodigieux de grains, d’une petitesse extrême, qui paroissent être les vrais agens de la fécondation. M. Needham a prouvé que ces petites boîtes sont organisées de manière que lorsqu’elles viennent à être humectées, elles s’ouvrent par un mouvement en quelque sorte spontané, & dardent au loin les grains avec la vapeur dans laquelle ils sont renfermés. M. Duhamel à soupçonné qu’elles étoient adhérentes, d’abord dans l’intérieur des anthères, par de très-courts pédicules ou cordons ombilicaux, si déliés, que le microscope n’a pu encore les découvrir ; dans le temps de la fécondation ces pédicules se brisoient & laissoient les grains de la poussière fécondante en liberté. M. Bonnet va encore plus loin, & d’après son ingénieux système de l’emboîtement des germes, il soupçonne que chacun des petits grains en contient d’autres plus petits, qui en renferment encore de plus tenus. Nous aurons lieu de revenir sur cette idée.

Plusieurs savans se sont occupés à découvrir de quelle nature étoit la poussière fécondante, & d’après plusieurs tentatives, il paroît résulter qu’elle est de nature huileuse & inflammable, puisqu’elle brûle à la flamme d’une bougie, comme une résine. Si on en écrase une certaine quantité dans un morceau de papier, il en sera bientôt imbibé comme d’une véritable huile. L’esprit de vin en tire une teinture légère, mais il ne la dissout pas ; enfin, la nature de la cire le prouve très-bien, & l’on fait que la cire brute n’est rien autre chose que la poussière des étamines, que l’abeille ramasse sûr différentes fleurs.

§ III. Description des parties femelles.

La structure du pistil n’est pas moins ingénieuse, & peut servir beaucoup pour nous conduire dans le labyrinthe où nous allons entrer. Voyez au mot Pistil, les dessins que nous en donnons, & comme les détails lui appartiennent naturellement, nous y renvoyons, en nous contentant seulement de faire observer ici que le pistil est un tube plus ou moins élevé, surmonté d’un stigmate qui représente exactement la vulve, puisqu’il est susceptible de s’entrouvrir, & laisser un passage à la poussière fécondante, qui, rencontrant cette ouverture toute formée au moment de la fécondation, ou l’obligeant de se développer en titillant & irritant les fibres végétales qui composent le stigmate, pénètre à travers, descend dans la cavité du tube, qui fait alors l’office des trompes de fallope, & va féconder le germe. Il est assez facile d’observer ces différentes parties : prenez une fleur de lis ou même de tulipe, tout