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même par les chocs qu’elle éprouve, & par celle à laquelle elle cède insensiblement la place qu’elle occupoit : donc, selon le degré de résistance de la part des parties qu’elle doit chasser, l’ouvrage de l’accroissement sera plus ou moins pénible : donc, plus leur étendue & plus leur volume feront considérables, plus l’obstacle sera difficile à surmonter, attendu qu’elles contre-balanceront davantage la force impulsive des liqueurs reçues par la partie supérieure : donc, moins les retranchemens à faire à l’ongle, par l’action de parer, seront fréquens, moins l’ongle croîtra & moins l’accroissement en sera prompt : donc, plus ils seront réitérés, plus cet accroissement sera diligent & sensible.

C’est sur ces grands principes, qu’il seroit superflu d’étendre ici, que le maréchal doit étayer son raisonnement & la pratique. Par les principes, & en s’y conformant, il parviendra facilement à se rendre maître de la forme de tous les pieds, même les plus défectueux, il en dirigera l’accroissement, il le hâtera, ou le retardera à son gré, il répartira la nourriture à sa volonté, &, selon le besoin, sur les diverses parties ; il la détournera des unes, il la forcera à refluer sur les autres, & comme il n’agira jamais que d’après les vues & les conseils de la nature, il sera certain d’entretenir ou de réparer avec succès une partie d’autant plus essentielle, que le cheval le plus précieux peut cesser bientôt de l’être, pour peu qu’elle ait reçu quelqu’atteinte.


CHAPITRE II.

De L’action de Ferrer.


Section première.

Des instrumens propres & particuliers pour l’action de ferrer.


Ces instrumens sont le brochoir, le boutoir, les tricoises, la râpe, le rogne-pied & le repoussoir.

Le brochoir est un marteau qui n’a pas tout-à-fait un pouce & quart de l’appui de la bouche au centre de l’œil, quoique cette même bouche ait plus d’un pouce & un quart de largeur en l’un & l’autre sens.

Le boutoir est un instrument tranchant qu’on peut se représenter sous la forme d’un ciseau dont la lame très-mince auroit environ deux pouces de largeur ; les deux bords latéraux de cette lame sont relevés de deux lignes seulement de profondeur en forme de gouttière ; sa largeur des deux pouces, ainsi que les rebords en gouttière ne subsistent au surplus que dans la longueur d’environ trois pouces pour les plus longs.

Nous nommons tricoises, l’instrument que les charpentiers & autres artisans appellent communément tenailles.

La râpe est une râpe à bois, mi-ronde, & d’un pied de lame.

Le rogne-pied est un tronçon de sabre d’environ huit ou dix pouces de longueur.

Enfin le repoussoir est un poinçon de cinq à six pouces de longueur, terminé comme le seroit une lame coupée quarré ment dans son milieu.

Le tablier à ferrer, dont nous