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même dans la situation qu’il aura dû prendre, & de ne pas permettre enfin au cheval de peser & de s’appesantir sur lui, ce qui arrive souvent par la faute de l’aide ou du palefrenier qui, se reposant lui-même sur l’animal, l’invite à opposer son propre poids à celui qu’on lui fait supporter. Si le cheval retire le pied, l’aide lui résistera, non en employant une grande force, mais en le prêtant en même temps à ses mouvemens, auxquels il ne cédera néanmoins, que dans le cas où l’animal retireroit vivement cette partie ; mais il ne se rendra qu’à la dernière extrémité, & il l’abandonnera toujours avec précaution, s’il est obligé de la laisser aller & de la quitter. Il faut se souvenir au surplus, qu’on acquiert le double de force contre le cheval, lorsqu’on lui tient le pied par la pince, par la raison qu’on l’oblige à une flexion considérable, dès que la pince est beaucoup plus élevée que le talon.


Section IV.

Des chevaux difficiles à ferrer, & des soins qu’il faut prendre pour les y accoutumer.


Les chevaux difficiles à ferrer doivent être gagnés par la douceur ; les coups, la rigueur les révoltent encore davantage, & souvent les caresses les ramènent : ce n’est qu’autant que tous les moyens connus ont été mis en usage, qu’on doit se déterminer à les placer dans le travail, & qu’on peut avoir recours à la plate-longe. Le parti de les renverser est le moins sûr à tous égards ; celui de les trotter sur des cercles après leur avoir mis des lunettes, dans l’intention de les étourdir & de provoquer leur chute, est très-dangerreux ; on ne doit l’adopter que dans le cas de l’insuffisance absolue de toutes les autres voies. Il est des chevaux qui se laissent tranquillement ferrer à l’écurie, pourvu qu’on ne les ôte point de leur place ; d’autres exigent simplement un torche-nez, d’autres des morailles ; quelques-uns enfin ne se prêtent à cette opération qu’autant qu’ils sont dégagés de leur licol, de tous liens quelconques ; en un mot, absolument abandonnés & totalement libres. C’est donc au maréchal à rechercher & à sonder toutes les routes pour parvenir à son but ; mais il importe très-fort de recommander à tous ceux qui soignent des chevaux ennemis de la ferrure, de leur manier fréquemment les jambes, de leur lever toujours les pieds chaque fois qu’ils les alimentent de fourrage, de son & sur-tout d’avoine, & de frapper sur la face inférieure de ces dernières parties lorsqu’ils les ont levées ; par tous ces moyens, insensiblement les chevaux les moins aisés s’habitueront à souffrir la main du maréchal, à moins qu’ils n’aient été trop fortement & trop long-temps gourmandés.


Section V.

Manière de déferrer & de parer le pied.


En supposant l’aide ou le palefrenier saisi du pied du cheval, le maréchal ôtera d’abord le vieux fer. Il appuiera à cet effet un coin du tranchant du rogne-pied sur les uns & les autres des rivets, & frappant avec le brochoir sur ce même rogne-pied il parviendra à les déta-