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hâtera de plus, dès qu’il l’aura retiré, d’enlever la portion de ce même ongle, sur laquelle la chaleur du fer fera imprimée. Il observera que ce fer doit porter justement par-tout ; s’il vacilloit, la marche de l’animal ne seroit pas fixe, les lames brochées seroient bientôt ébranlées par le mouvement que recevroit à chaque pas un fer qui n’appuyeroit pas également. La preuve que le fer n’a pas porté sur une partie, se tire de l’inspection du fer même qui se trouve dans la portion, sur laquelle l’appui n’a pas été fixé, plus lisse, plus brillant & plus uni que dans tous les autres. Lorsque nous avons dit ci-dessus, que le fer doit porter également par-tout ; nous prétendons que son appui doit avoir lieu dans toute la rondeur du sabot, sans en excepter les talons.


Section VII.

Manière d’assujettir le fer, & de faire les rivets.


Dès que l’appui du fer est tel qu’on le peut exiger, le maréchal doit l’assujettir. Il brochera d’abord deux cloux, un de chaque côté, après quoi, le pied étant à terre, il examinera si le fer est dans une juste position, & il fera ensuite reprendre le pied par l’aide, pour achever de brocher. Les lames doivent être déliées & proportionnées à l’épaisseur de l’ongle. Il faut bannir, tant à l’égard des chevaux de selle, que par apport aux chevaux de labour, celles qui par leur volume & par les ouvertures énormes qu’elles sont, détruisent la corne & peuvent encore presser le vif & le serrer. Le maréchal brochera d’abord à petits coups, en maintenant avec le pouce & l’index de la main gauche, la lame sur laquelle il frappera, & dont l’affilure doit être droite & courte : quand elle aura fait un certain chemin dans l’ongle, & qu’il pourra reconnoître le lieu de sa sortie, il coulera sa main droite vers le bout du manche du brochoir, & soutenant la lame avec un des côtés du manche de la tricoise, il la chassera hardiment jusqu’à ce qu’elle ait entièrement pénétré.

Il est ici plusieurs choses à observer : 1°. le maréchal aura attention que la lame ne soit point coudée, c’est-à-dire, qu’elle n’ait point fléchi ensuite d’un coup de brochoir donné à faux, (la condure est alors extérieure & s’aperçoit aisément) ou en conséquence d’une résistance trop forte que la lame aura rencontré, & qu’elle n’aura pu vaincre. Souvent, en pareil cas, la coudure est intérieure & ne peut être soupçonnée ou apperçue que par la claudication de l’animal ; cependant, un maréchal expérimenté & soigneux reconnoît sur le champ ce qui lui arrive par la réaction différente du brochoir dans la main, en semblable occasion.

2°. Il prendra garde à ne point casser cette même lame dans le pied en retirant ou en poussant le clou ; il faut l’extraire sur le champ, ainsi que les pailles ou les brins qui peuvent s’être séparés de la lame même, & chasser, s’il se peut, la retraite avec le repoussoir, qui est l’instrument, ainsi que nous l’avons déjà dit, dont on doit faire usage à cet effet,

3°. Il ne brochera ni trop haut ni trop bas, mais en bonne corne ; brocher trop haut, c’est risquer de ferrer,