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gentine, &c. ont leur surface supérieure verte, & l’inférieure blanche. La nuance du vert dans toutes les autres n’est pas la même ; elle est toujours plus foncée & plus tranchante. La surface inférieure, au contraire, est rude, pleine d’aspérité, souvent fournie de poils courts plus ou moins nombreux ; ses nervures sont saillantes, & les mailles du réseau parenchymateux y sont très-souvent sensibles. Sa couleur, toujours plus pâle que celle de la surface supérieure, n’a presque pas de lustre, & quelquefois elle est d’une autre teinte. La dureté n’est pas aussi la même ; l’épiderme qui recouvre la surface inférieure est ordinairement plus tendre, & le parenchyme plus succulent qu’à la surface supérieure. Enfin, on peut observer en général que les feuilles sont concaves supérieurement, & que la nervure du milieu forme une espèce de rigole ou de gouttière qui traverse toute la feuille depuis son extrémité jusqu’au pétiole. Il arrive cependant quelquefois que la feuille change de forme, & devient convexe ; mais cet état n’est pas naturel, & il dépend d’une affection particulière de la plante, comme nous aurons lieu de le remarquer.

§. VI. Couleur des feuilles. La couleur de la feuille ne réside ni dans l’épiderme, ni dans le réseau cortical, mais dans le parenchyme, ou plutôt dans le suc dont il est imbibé, & ses différens degrés de fermentation sont la cause des différentes nuances qu’il prend, & par lesquelles il passe. Comme nous avons développé cette théorie, au mot Couleur des plantes, nous y renvoyons pour ne pas nous répéter.

§. VII. De la nécessité des feuilles. Pour peu que l’on examine avec soin une branche d’un arbre, d’un arbrisseau, on verra que chaque bouton qui se forme est garni de sa feuille, & à mesure que ce bouton s’élance pour former le bourgeon, il est toujours surmonté & terminé par une feuille, qui devient la vraie mère-nourrice du petit œil ou bouton, à mesure qu’il se forme. Si on doute de cette vérité, on peut supprimer quelques-unes des feuilles, & on verra dans l’année suivante, qu’à cette place il ne poussera aucun bourgeon. Sans elles, sans leurs secours, nul bouton à fruit, à fleur, à feuilles, &c. On doit encore remarquer que les feuilles sont bien plus multipliées sur les boutons à fruits que sur ceux à bois ; elles y sont, pour ainsi dire, grouppées, parce que ces premiers boutons ont besoin d’une sève mieux élaborée pour leur accroissement, & d’un plus grand nombre de nourrices pour leur conservation.

Section IV.

Physiologie de la Feuille.

S’il est intéressant, pour raisonner sur une machine, de bien connoître toutes les parties qui la composent, de distinguer les roues & les leviers, de suivre les rapports qu’ils ont entr’eux, de comparer leur action réciproque, de calculer les effets, il l’est encore bien davantage de connoître la force ou le premier mobile qui la fait agir ; c’est lui qui est, pour ainsi dire, le principe vital ; sans lui la machine n’iroit point, &, à proprement parler, elle n’existeroit pas, puisqu’elle ne produiroit aucun