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& des muscles du bas ventre qu’on apperçoit dans les flancs, l’abattement, la tristesse, la tête basse, la rougeur des yeux, la sécheresse de la langue, le dégoût, la cessation de la rumination, le tremblement du pannicule charnu & la grande chaleur des tégumens.

Des temps que l’on remarque dans la fièvre. Dans tous les genres & espèces de fièvre, on distingue trois temps ; le commencement, l’accroissement & le déclin.

Dans le premier temps, les symptômes ont peu d’activité, le cheval perd l’appétit, le bœuf & le mouton ne ruminent point, par la raison que les matières contenues dans les estomacs, ne se digérant que d’une manière imparfaite, le chyle qui en résulte n’est pas assez élaboré, & qu’il se mêle avec le sang avant que d’avoir souffert la coction nécessaire pour le rendre de bonne qualité ; car plus les fonctions de l’estomac sont troublées, plus le chyle acquiert de mauvaises qualités, & plus le sang est altéré. On s’apperçoit aussi d’un tremblement dans le pannicule charnu & d’un froid fébrile.

Dans le second temps, le cœur, en se contractant avec plus de force & de vélocité que dans le premier, chasse le sang avec plus d’impétuosité ; la chaleur de l’animal augmente, & certaines humeurs, telles que la sueur & les urines, paroissent plus abondantes. Mais nous observons cependant que cette évacuation ne soulage point l’animal, la sueur ayant peu d’odeur, les urines étant pour l’ordinaire claires, légères, égales & peu troubles, & les matières fécales étant en général desséchées & retenues. C’est donc ici, c’est-à-dire, dans le second temps, que la nature fait tous ses efforts pour obtenir la coction de la matière fébrile ou morbifique ; & que, plus cette matière paroît se porter du côté du cerveau & menacer de détruire les forces vitales, plus les symptômes qui décèlent la fièvre, sont violens, ou se terminent promptement par l’expulsion de la nature hors du corps de l’animal, par les voies excrétoires, ou par la mort de l’animal.

Dans le déclin, ou le troisième temps, on n’apperçoit plus la même violence des symptômes puisque la crise se fait, ou est en partie faite, & que tout annonce dans l’animal un prompt rétablissement.

Des signes qui décèlent que la fièvre va se terminer par une évacuation sensible. La fièvre se termine, ou par les urines, ou par les sueurs, ou par les selles, ou par une expectoration nasale.

Dans le premier cas, les urines sont plus troubles & plus colorées que dans l’état naturel.

Dans le second, la sueur est copieuse, âcre & d’une odeur forte.

Dans le troisième, les matières fécales sont fluides, jaunes, muqueuses, & quelquefois sanguinolentes.

Dans le quatrième, enfin, il découle du nez de l’animal une humeur blanchâtre, plus ou moins épaisse.

Mais à tous ces signes particuliers qui font connoître que la crise de la fièvre se fait par toutes ces évacuations, nous devons y joindre des signes avant-coureurs, confirmés par une expérience journalière. Par exemple, l’agitation continuelle de l’animal qui a la fièvre, la sécheresse des matières fécales, la tension du ventre,