Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/633

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à l’animal, lorsque cette foiblesse le quitte. Enfin, les excrémens, l’haleine & tout le corps deviennent très-puans ; le poil lui tombe ; l’accablement se soutient quelquefois plus de quarante jours, & cette maladie se termine ou par une éruption galeuse à la peau, ou par un dépôt sur les jambes, principalement aux articulations, ou par un engorgement des glandes parotides ; & si l’animal s’en relève, il perd ordinairement la finesse de quelqu’un de ses sens, & quelquefois l’ouïe & l’odorat entièrement. La plupart restent comme hébétés. »

» On en a réchappé plusieurs, en appliquant des trochisques de minium dans l’ouverture des abcès formés aux articulations. Cet escarrotique rend l’ouverture plus grande, en rongeant les chairs, & après la chute de l’escarre on observe qu’il s’y établit une bonne suppuration, qui est essentielle dans ce cas pour sauver la vie à l’animal. »

» Pour empêcher ces sortes de dépôts aux articulations, on a fait à plusieurs des incisions aux tégumens de la cuisse, dans lesquelles on introduisoit du mercure, ce qui n’a procuré aucun soulagement marqué, mais y a déterminé souvent le dépôts & en a préservé l’articulation. »

» Quant aux remèdes internes, ajoute M. Paulet, on a employé avec succès le soufre doré d’antimoine dans le beurre ordinaire. La dose, pour les petits chiens, est de deux grains, & de six pour les gros, tous les jours, de trois en trois heures, dans un bouillon léger, fait avec les têtes de mouton : cela les fait vomir & évacuer ; quelquefois, pour rendre ce remède plus actif, on y ajoute trois ou quatre grains de tartre émétique ; quelques personnes ont employé avec un pareil succès, les hydragogues, sur-tout le diagrède, à la dose de trois ou quatre grains par jour, ce qui les évacue très-bien. »

Une maladie à peu près semblable fit de grands ravages en Languedoc, en 1777, 1778, & 1779). Elle étoit épizootique & contagieuse. Les chiens courans, les chiens loups & les épagneuls en furent spécialement attaqués ; les uns devenoient aveugles, les autres recouvroient la vue un mois ou quarante jours après la fin de la maladie. Le tartre émétique donné au commencement, les infusions de coquelicot & de têtes de pavot, auxquelles on ajoutoit deux drachmes de sel de nitre pour chaque potion, &, pour les chiens les plus gros, les fumigations de cascarilles, qu’on faisoit sous le nez de ceux qui jetoient, produisirent des effets merveilleux.

Section VI.

De la Fièvre putride maligne.

Cette maladie est ordinairement épizootique & contagieuse. Elle s’annonce par la tristesse & la perte d’appétit ; lorsqu’elle est déclarée, il y a diminution de lait dans les vaches, dégoût absolu ; la rumination cesse entièrement ; l’animal est fort triste ; il porte la tête & les oreilles basses ; sa vue se trouble, & sa tristesse se change en véritable stupeur ; les yeux sont larmoyans, mais sans être, pour l’ordinaire, ni rouges, ni enflammés ; il découle des naseaux une mucosité gluante & jaunâtre ; les cornes & les oreilles deviennent froides ; bien-