Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/67

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saveur vive & pénétrante, un piquant, une force, un grater enfin analogue à celui que le vin de Champagne mousseux développe. Aussi le même principe produit-il le même effet dans ce vin comme dans ces eaux. Elles sont communément inodores & très-légères, souvent même plus que l’eau commune. Quand on en boit trop abondamment, elles rendent plus gai, plus léger ; elles peuvent même enivrer : cela tient aux propriétés de l’air fixe. (Voyez ce mot) À la source de ces eaux on voit l’eau jaillir en gouttelettes qui pétillent en éclatant, & elles bouillonnent comme si elles étoient sur le feu : ce jaillissement & ce bouillonnement sont dus au dégagement de l’air fixe, qui soulève & écarte les molécules d’eau qui l’enchaînoient. Si on enferme ces eaux dans une bouteille, qu’on la bouche & qu’on l’agite un peu, le bouchon saute bientôt, à la manière du vin de Champagne, & souvent même les bouteilles se cassent. Ce phénomène est encore dû au dégagement de l’air fixe qui reprend son élasticité, qui étoit comme perdue dans la masse de la liqueur. Expose-t-on ces eaux à l’air libre ? l’air fixe s’échappe insensiblement ; elles perdent proportionnellement leur goût piquant & acide. À mesure que ce principe s’évapore, toutes les substances dont la dissolution lui étoient dues, se précipitent au fond du vase. Ces eaux sont vraiment acides, elles en ont les propriétés : comme acides elles rougissent la teinture de tournesol, & peuvent dissoudre beaucoup de substances qu’elles n’attaqueroient pas sans cela.

Les eaux acidulés peuvent être absolument pures, c’est-à-dire, ne contenir que de l’air fixe, sans aucune autre substance ; mais, on n’en connoît point encore ; la nature nous les offre toujours plus ou moins imprégnées d’autres principes. Le principe le plus abondant dans cette classe d’eaux, est sans contredit les sels alcalis ; & comme ces eaux sont ou froides ou chaudes, on peut sous-diviser cette première classe en eaux acidules alcalines froides, & eaux acidules & alcalines chaudes.

I. Eaux acidules & alcalines froides. Ces eaux se reconnoissent à leur saveur piquante, & à un goût lixiviel qui leur est propre ; elles sont effervescence quand on y jette quelques gouttes d’acide, & changent en vert le sirop de violette. Elles sont toujours plus ou moins gazeuses, c’est-à-dire qu’elles contiennent toujours une assez grande quantité d’air fixe, qui les rend plus ou moins vives & pétillantes. Dès qu’on les met sur le feu, le moindre degré de chaleur leur communique un mouvement de bouillonnement, d’après lequel il semble qu’elles bouillonnent fortement ; mais tout l’air fixe dégagé, le bouillonnement cesse, & l’eau reste aussi tranquille que l’eau commune. À mesure que ce principe s’évapore, & que l’eau se rapproche, l’odeur & le goût d’alcali ou de lessive se développent de plus en plus. Ces deux caractères servent à reconnoître les eaux minérales alcalines. Mais il en est un plus sûr encore, c’est de jeter dans cette eau ainsi rapprochée, un sel à base terreuse ; il s’y décompose sur le champ ; son acide se portant sur l’alcali qui étoit en dissolution dans l’eau, laisse précipiter la terre, si on pousse l’évaporation jusqu’à siccité, on peut encore verser sur le