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mais toutes n’ont pas la même température ; elle varie depuis 25 jusqu’à 48 ; leur acidité & leur saveur n’est pas la même ; toutes bouillonnent & pétillent d’une manière vive & très-marquée, & sont très-spiritueuses : deux livres de ces eaux fournissent deux gros de résidu sec, qui contiennent du fer, de la terre calcaire, du sel marin, de l’alcali assez abondamment, & de l’argile.

Classe II. Eaux salines.

Par eaux salines, nous n’entendons pas ici celles qui tiennent simplement du sel marin en dissolution, & dont on l’extrait par des opérations particulières ; telles sont les sources d’eaux salées de Lorraine, de Franche-Comté, &c. &c. mais nous ne parlons ici que de celles qui tiennent une assez grande quantité de sels neutres en dissolution, pour agir d’une manière très-marquée, & plus souvent comme purgatives sur l’économie animale. On peut soupçonner facilement qu’il y a autant d’espèces d’eaux salines qu’il y a de différens sels qu’elles peuvent tenir en dissolution. Rarement ces eaux ne contiennent qu’une espèce de sel ; communément ils s’en trouve plusieurs à la fois, & qu’il est quelquefois difficile d’obtenir isolés par l’analyse. Les sels que l’on y rencontre ordinairement sont le sel d’epsom, le sel marin, le sel marin à base terreuse, le sel de glauber, le sel fébrifuge de Sylvius, le natrum, l’alun assez rarement, & la sélénite. Les eaux salines sont assez faciles à reconnoître au moins en général ; elles sont froides ou chaudes, claires, limpides, & ont un goût amer & salé ; l’effervescence qu’elles font avec les acides ou les alcalis, annonce la nature du sel acide ou alcalin qui y domine ; mais l’analyse exacte peut seule bien faire connoître sa nature.

Les principales eaux salines connues & en usage sont :

Balaruc. Les eaux de Balaruc sont limpides & salées, chaudes au quarante-deuxième degré de Réaumur : trente livres de ces eaux, analysées par M. Leroy, ont donné trois gros de terre magnésienne & de sélénite, une once de sel marin, & trois gros de sel déliquescent.

Bourbonne. La chaleur des eaux de Bourbonne n’est point égale à toutes les sources ; elle va jusqu’à 55 degrés ; elles sont claires & limpides, & n’ont qu’un petit goût salé. Vingt-quatre livres de ces eaux, soumises à l’analyse par M. Duchanoy, ont donné deux gros de sel commun, un gros & quarante-deux grains de sélénite, & trente grains de terre.

Epsom. Nous réunirons sous cet article trois sources d’eaux minérales, dont la composition est à peu près la même : l’eau d’Epsom, de Sœdlitz, & de Seydschutz. L’eau de Sœdlitz est froide, claire & limpide ; elle a un goût très-amer & très-salé ; elle tient par chaque livre d’eau deux drachmes & quelques grains de sel amer à base terreuse, connu sous le nom de sel d’epsom, qui n’est qu’une combinaison de l’acide vitriolique avec la magnésie. Celle de Seydschutz est plus amère & plus salée, & tient par livre d’eau deux drachmes & dix grains de sel d’epsom, & dix grains de terre calcaire. L’eau d’epsom, au contraire, est moins amère & salée que les deux précédentes,