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détruit la première, celles produites par un reste de gourme, un lait répandu ou la présence du farcin sont très-difficiles à guérir, & le plus souvent incurables.

Rien de si simple que le traitement palliatif ; il est intimement lié avec le précédent dont il fait même partie ; éloignez les causes le plus que vous pourrez, diminuez l’action de celles existantes par la propreté la plus exacte & la plus minutieuse, faites souvent bouchonner & brosser les extrémités, réitérez le pansement de la main, afin d’entretenir une transpiration douce & abondante, employez les lotions fréquentes & appropriées, telles que la décoction d’herbes émollientes acidulée avec le vinaigre, les infusions aromatiques, l’eau de saturne sur-tout qui remplit souvent ici toutes les indications ; que l’exercice soit constant & réglé, purgez de temps en temps l’animal ; en un mot, varier les soins & les remèdes selon l’état de la maladie & celui du malade.

Il est aisé de voir par ce qui vient d’être dit, que toutes les maladies des extrémités, connues & désignées parmi les auteurs en médecine vétérinaire sous les noms bizarres & synonymes de mauvaises eaux, ordures, gales & dartres aux jambes, malandres ou malandes, solandres, solandes ou salandres, tapes, dartres articulaires, arêtes, queues de rats ou pétis, grappes ou grappin, mules traversin es ou traversières, mules nerveuses, mules aux talons, crapaudines bénignes ou malignes, crevasses, fils, fics ou porréaux ou poireaux, peignes secs ou humides, gratelles farineuses, mal d’âne, mal de l’âne, pinsanesse ou épissanesse, teigne ou pourriture de la fourchette, bouillons, cerises, champignons aux talons ou à la fourchette, gales & démangeaisons du paturon, gale & ulcère chanceux sur la couronne &c. &c. sont produites par les mêmes causes que les eaux, n’en sont la plupart que des modifications différentes ou des suites, donnent lieu aux mêmes accidens si elles sont négligées ou mal traitées, &e que par conséquent la cure doit en être la même. Une telle nomenclature, peut-être encore incomplète, est un vrai cahos qui ne peut qu’embrouiller quiconque veut se livrer à l’étude des maladies des brutes.


Eau, Pharmacie. Chaque seigneur de terres, chaque curé doivent avoir chez eux des eaux préparées & destinées au soulagement des habitans. Le choix est nécessaire, & la quantité des espèces est très-inutile.

Toutes les eaux des plantes inodores n’ont guères plus d’efficacité que celle de rivière, & à bien prendre, c’est la même chose, quoiqu’on en conserve un grand nombre d’espèces dans les pharmacies des villes.

Si on désire conserver les vraies propriétés des plantes odorantes, on doit les distiller au bain-marie, & si c’est à feu nu, ménager le feu. Quant aux eaux très-composées, il vaut mieux les prendre chez un apothicaire que de les faire chez soi. Voici la recette de quelques-unes dont la réputation s’est soutenue.

Eau d’Alibourg ou de Farelle. Sur quatre livres d’eau, poids de marc, ou deux pintes environ, jettez demi-once de vitriol de Chypre, deux onces de couperose blanche, l’un & l’autre pulvérisés, & deux scrupules