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les transversales du second lit restent encore assez inclinés pour garantir les inférieures de la pluie, & porter ses eaux au-delà de la circonférence du cône. Le nombre de ces petits gerbiers est multiplié suivant l’étendue du champ & l’abondance de la récolte. S’ils sont bien faits, si les gerbes sont bien pressées les unes contre les autres, l’intérieur sera à l’abri des pluies, & le tout n’aura à craindre que les coups de vents les plus violens. Chaque pays a sa construction particulière ; il seroit trop long d’en rapporter d’autres exemples : je me contente de citer celle de M. Ducarne de Blangi, publiée dans son Ouvrage intitulé : Méthode de recueillir les Grains dans les années pluvieuses, & de les empêcher de germer.

Pour bien faire l’opération (c’est l’Auteur qui parle, & je donne l’extrait de son Ouvrage) vous posez à terre la première javelle AB, Figure 1, Planche 8, sur laquelle vous mettez la seconde CD ; mais remarquez, comme on le voit dans la figure, que les épis BD & G, sont mis au centre & au milieu de la moie, (ou gerbier) & que les côtés des épis de toutes les autres javelles, (ou gerbes) qu’on mettra ensuite pour achever la moie, doivent toujours s’y trouver, en sorte que le gros bout de chaque javelle soit toujours en dehors, & l’épi en dedans & dans le milieu.

Sur la seconde javelle CD, vous mettez votre troisième javelle EF G, & c’est ici qu’on a besoin d’un peu d’industrie. Les épis de la troisième javelle posent sur ceux de la seconde, & par-là ils sont préservés de l’humidité de la terre ; mais il n’en est pas de même des épis de la première javelle qui pose à terre, ce qui seroit capable de donner de l’humidité au grain qui s’y trouve ; il faut donc replier la troisième javelle EFG en F, & faire passer le gros bout de cette javelle sous les épis BB de la première javelle AB, comme on le voit dans la Figure 1.

On sent que par cette disposition, l’épi & son grain ne posent pas à terre, & n’y touchent en aucun endroit, & que par ce moyen ils se trouvent en l’air, & soutenus de tous côtés par le gros de la javelle EFG ; cette disposition forme comme une espèce de siége, de point d’appui sur lequel on arrange toutes les autres javelles en forme d’une petite tour ronde.

Quoique pour distinguer les javelles l’une de l’autre, on ait laissé dans la Figure 1, un petit espace vide entre chaque javelle, on doit cependant se le figurer rempli par les javelles, ainsi qu’on le voit (Figure 2) ; il faut même avoir l’attention de ne laisser aucun vide, aucun intervalle par où l’eau puisse pénétrer, ce qui causeroit dans la moie une humidité nuisible, & feroit germer tout le grain qui en seroit imbibé.

Ces trois premières javelles étant arrangées, il ne s’agit plus ensuite que de poser d’autres javelles à côté de ces trois premières, pour remplir totalement les vides qu’elles pourroient laisser entr’elles, en observant de mettre toujours les épis de toutes les javelles sur les épis des trois premières, à mesure qu’on les porte à la moie.

Lorsque tout le vide est rempli, il ne reste plus alors qu’à poser sur