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contrarier la nature. En adoptant la troisième méthode de semer, on peut semer un rang avant, & le rang voisin après l’hiver.

Si on veut que son semis prospère, il convient de donner un coup ou deux de charrue pendant l’été dès qu’on s’apperçoit que les herbes gagnent ; elles étoufferoient les jeunes brins. Des enfans, des femmes armés de petites pioches, serfouiront le tour des jeunes plantes que la charrue n’aura pas soulevées. Si on est en peine de savoir comment on peut labourer un pareil terrain sans endommager le semis, au mot Vigne je décrirai cette opération faite par des bœufs ou par des mules. Le même travail doit s’exécuter jusqu’à ce que les branches fassent assez d’ombre pour étouffer les mauvaises herbes.

Pendant la première année, laissez germer & pousser tout ce qui sortira de terre, quelque méthode de semis, que vous ayiez choisie ; mais avant l’hiver, & dès que les feuilles seront tombées ou desséchées, c’est le moment, par un temps un peu humide, d’enlever le plus grand nombre des plants surnuméraires, de ménager leur pivot & leurs racines, & de les transporter dans des dépôts ou pépinières, afin de s’en servir au besoin pendant les années suivantes. Si dans le cours de cette première année, il s’étoit formé des places où le gland n’eût pas germé, c’est le cas de les regarnir avant l’hiver avec les plants surnuméraires. La reprise de tout arbre est plus assurée lorsqu’on le transplante avant l’hiver.

Evelyn, auteur anglois, & qui a très-sagement écrit sur les forêts, conseille de choisir un temps humide pour labourer les semis pendant les trois premières années, afin que la poussière ne s’attache pas aux feuilles des jeunes brins, & de labourer au contraire par un temps sec les arbres déjà formés.

Ce que j’ai dit des semis de chêne s’applique également à ceux de faîne ou hêtre ; & les arbres qui conservent leur verdure, l’orme ainsi que plusieurs autres, demandent à être semés du moment que leurs fruits sont mûrs ; & laissez à la nature le soin de leur germination.

CHAPITRE V.

Des forêts dégradées.

On essaieroit envain de les repeupler par de nouvelles plantations.

Les racines se sont emparées de tout le terrain, & même de celui des plus grandes clarières : elles s’opposeront, ainsi qu’il a été dit, à toutes les plantations.

Les semis par touffes, faits çà & là, aideront à garnir les places vides après que leur terrain en aura été bien travaillé. Le grain qui germera disputera sa place aux racines étrangères, & petit à petit & à la longue, il viendra à bout de les maîtriser.

Il est plus facile de repeupler les bords des clarières du côté où le bois existe. Si dans cette circonférence il se trouve de jeunes pieds, soit de brins, soit venus sur souche, il faut alors les coucher, les marcotter, (Voyez ce mot) & à mesure qu’ils fourniront de nouvelles branches, les étendre & les marcotter de nouveau. Si au contraire les bords de cette circonférence sont garnis de vieux arbres, on doit les couper par le pied, & le plus bas que faire se