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branes ; & cet étranglement occasionne une gangrène qui s’étend au loin.

3°. L’infiltration est une des causes éloignées de la gangrène humide ; car toutes les fois que la lymphe, la sérosité, le pus, ou toute autre humeur putrescible prend la place de la graisse dans le tissu cellulaire, elle produit une tumeur molle, flasque, peu douloureuse. Les sources qui la produisent, sont le relâchement qui a précédé l’engorgement, la quantité du fluide qui est engorgé, l’obstruction des vaisseaux sanguins, & l’étranglement des veines, qui provient de la pression extérieure qu’elles souffrent, & du serrement spasmodique que leur cause l’irritation.

Tous les animaux qui ont été attaqués de plusieurs hémorragies, de diarrhées, ou qui ont été trop saignés ; ceux qui sont affligés de maladies chroniques, accompagnées de fièvre putride, maligne, d’ulcères, &c., sont sujets à être attaqués de la gangrène causée par l’infiltration : car toutes les fois que le sang passe plus difficilement dans les veines, & est poussé par derrière, il s’arrête dans les extrémités artérielles sanguines, distend les lymphatiques & la lymphe dont il est chargé, entre en plus grande quantité dans le tissu cellulaire, d’où il a peine à revenir dans le torrent de la circulation ; parce que la graisse qui circule lentement dans le même tissu, n’est guère putrescible à cause de sa viscosité. Or, les humeurs séreuses qui sont en stagnation, relâchent les solides ; & si la chaleur & l’acrimonie surviennent, elles se corrompent, & déterminent la gangrène.

4°. Les inflammations peuvent être encore les causes éloignées de la gangrène humide, soit à raison de l’engorgement & de la tension qui les accompagnent, soit à raison de l’étranglement des vaisseaux, causé par l’irritation des nerfs & des aponévroses ; les simples & grandes inflammations qui sont traitées par des suppuratifs âcres, produisent le même effet.

Les inflammations malignes paroissent érysipélateuses au premier aspect, peu enflées, mais froides au toucher & comme dures, sans aucune élasticité ou tension.

Les inflammations caustiques, telles qu’on en observe dans l’anthrax, se guérissent quelquefois heureusement a la faveur de la suppuration qui survient, & procure la chute de l’escarre sèche & noire ; mais d’autres fois elles corrompent les chairs jusqu’aux os.

Les inflammations érysipélateuses âcres, produisent une autre sorte de gangrène ; car l’ardeur inflammatoire dépend, ou des principes méchaniques ; savoir, d’une forte attrition des artères & des humeurs, ou des principes physiques ; savoir, de l’âcreté caustique des humeurs, laquelle occasionne des phlyctènes qui accompagnent les érysipèles & une chaleur dévorante ; bientôt la partie affectée devient œdémateuse, & la gangrène se répand au loin.

Enfin, l’engorgement considérable, qui a lieu dans l’inflammation, produit une gangrène qui, quoi qu’elle soit accompagnée d’une grande tumeur qui devient livide & s’amollit, est distinguée de l’inflammation maligne. La gangrène est prochaine, si la tumeur diminue, si la