Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/246

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roit-on pas ! puisque l’estomac du cheval, ou ceux du bœuf ou ceux des autres animaux ruminans sont remplis de matières putrescentes, que les alimens augmenteroient nécessairement. On pourra donc leur donner de temps en temps quelques poignées d’herbes fraîches qui contiennent beaucoup plus d’air fixe que les sèches, & on leur associera quelques plantes aromatiques ; on les soumettra à un exercice convenable, on les abreuvera d’eau froide ; on donnera aux animaux qui auront des renvois, les remèdes absorbans unis aux aromatiques, les acides, les amers, suivant que ces renvois seront aigres, nidoreux ou insipides. On fera vomir les chiens, & l’on purgera les animaux qui ne vomissent pas avec le séné, l’aloès, la rhubarbe, la casse, la manne, les tamarins, la crème de tartre, &c.

Mais si les matières putrescentes ne se bornent pas à l’estomac du cheval ou à ceux du bœuf qui en est atteint, & qu’elles occupent en même temps tout le canal intestinal, la nature pour les évacuer excite des renvois, des diarrhées, des borborygmes ; dans ce cas l’estomac est hors d’état de digérer des alimens solides : on ne doit donc en prescrire que sous forme fluide, tels que les décoctions d’orge, d’avoine, l’eau miellée à laquelle on peut ajouter un peu de vinaigre. On doit aussi recourir aux purgatifs ; mais il n’en faut employer que de doux, afin de ne pas produire d’irritation ; pour cela on donne la préférence à ceux qu’on tire du règne végétal, sur-tout à ceux qui sont les plus antiseptiques, soit par leur qualité gommo-résineuse, comme la rhubarbe, les follicules, les feuilles de séné, &c., soit par la qualité fermentescible de leur corps muqueux ou sucré : tels sont la casse, la manne, les tamarins, &c. Ceux-ci associés avec les précédens, diminuent & empêchent l’irritation qu’ils pourroient occasionner. On joint avec succès à ces médicamens des sels neutres, & sur-tout le nitre & la crème de tartre lorsqu’il y a beaucoup de chaleur. Il est aisé de voir que les purgatifs bien administrés peuvent non-seulement évacuer les matières putrides, mais encore les corriger.

Après que les matières putrides ont été suffisamment évacuées, on connoît que les fonctions digestives ne se rétablissent point, lorsque le dégoût, les renvois, les flatuosités, les coliques & les diarrhées séreuses subsistent. C’est dans ces circonstances que les antiseptiques fébrifuges font des prodiges, ils donnent aux solides leur ton, & aux sucs digestifs leur qualité naturelle. Ceux qu’on emploie le plus fréquemment, sont la menthe, la petite centaurée, la camomille, l’absinthe, les coins, les écorces de citrons & d’oranges, l’aunée, l’angélique, les baies de genièvre, la myrrhe, le cachou, la cascarille, le quinquina, &c. Il est bon de les associer avec quelques purgatifs, comme la rhubarbe, l’aloès, &c. par le moyen de ces médicamens tout ce qui reste de putride dans les premières voies, ou ce qui peut y être nouvellement déposé, ainsi que le résidu des premières digestions qui sont toujours mauvaises, sont expulsés & on prévient les rechutes.

Mais pour que les antiseptiques puissent occasionner quelques éva-