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conséquent les saignées y sont autrement praticables ; on n’a de ressource que dans les antidotes, les cordiaques, & les alexipharmaques ; mais ces inflammations internes, quand la douleur est assoupie, dégénèrent si rapidement en gangrène, qu’elles ne donnent pas le temps d’appliquer aucun remède.

Les inflammations gangréneuses externes, ne causent pas une mort si certaine ; car il est de ces gangrènes qui sont critiques, & celles qui ne le sont pas, ne s’étendent pas souvent au-delà de la partie enflammée, & même la suppuration survenant, la partie gangrenée se sépare spontanément des chairs vives.

Il faut cependant prendre garde que la matière putride qui s’engendre, ne gagne les parties voisines, ce qui est à craindre dans les inflammations gangréneuses causées par engorgement ; mais qui l’est beaucoup dans les gangrènes sèches ou dans les inflammations caustiques, telles que les érysipèles, les escarotiques, les anthrax, les croûtes gangreneuses, &c.

Pour procurer la suppuration dans les inflammations mortes, il faut administrer intérieurement & extérieurement des remèdes stimulans & qui augmentent la chaleur ; les résolutifs & les diaphorétiques actifs, sont des topiques très-convenables dans ce cas, de même que les sétons, les vésicatoires ; mais si la gangrène existe déjà, il y a lieu d’espérer, quand ses limites sont fixées & quand les bords de l’inflammation s’apprêtent à suppurer : dans ce cas on doit avec le scalpel couper ou emporter les parties mortes, sans toucher aux chairs vives ; mais si le progrès de la gangrène cessant, il ne paroît aucune marque de suppuration, on doit cautériser les parties mortes avec l’esprit de nitre, afin d’exciter la suppuration dans celles qui sont vivantes, & de détruire la matière putride.

Les érysipèles gangreneux, l’engorgement qu’ils produisent occupe une très-grande étendue, leur curation demande qu’on détruise l’engorgement des parties mortes ; qu’on préserve de la corruption les humeurs de ces parties, en empêchant le mouvement intestin d’agir ; qu’on irrite les chairs voisines pour les faire suppurer, & qu’on procure la séparation des chairs mortes par la suppuration.

Les anti-putrides qui conviennent dans ce cas, sont le vinaigre, l’esprit de sel & de soufre délayé dans de l’eau, les sels neutres, principalement le sel ammoniac, l’esprit de térébenthine, l’essence de rabel, l’esprit de nitre dulcifié par une égale quantité d’esprit de vin, le sel marin, le nitre, les résines & les baumes, la térébenthine, la myrrhe, le camphre, le stirax, la poix, le vin, l’eau-de-vie, l’esprit de vin ; les dessiccatifs balsamiques, comme la myrrhe, la colophane, l’aloès, la résine ; les caustiques ardens, comme l’huile bouillante, le fer chaud, la rouille, l’esprit de nitre chargé de mercure, l’eau phagédénique.

Dans la brûlure qui détruit seulement la peau sans pénétrer plus avant, la douleur est plus grande & plus opiniâtre que lorsque les chairs même sont brûlées ; car les tuyaux sécrétoires étant irrites, versent une sérosité âcre & copieuse,