Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

préparer la terre meuble à portée des planches, on doit avoir attention de ne les point faire quand la terre trop humide pourroit se pétrir. On doit aussi, avant les mois de juin & de juillet, donner un labour aux plates-bandes des garancières qui ont été plantées au printemps. À Lille en Flandres, on donne à toutes les plantes un léger labour avec un instrument fort étroit, &, lors de cette culture, on couche de côté & d’autres les nouvelles pousses, qu’on recouvre d’une petite épaisseur de terre. »

» Quand les pousses de la garance ont acquis un pied de longueur, on fait sarcler les planches par des femmes ; puis la terre des plates bandes étant bien labourée jusqu’auprès des planches, des ouvriers couchent sur la terre des plates bandes une partie des tiges de la première rangée, & ils les recouvrent d’un pouce & demi ou de deux pouces meubles qu’ils reprennent dans la plate-bande. C’est le grand avantage que M. de Corbeilles a trouvé à faire labourer à la charrue les plates-bandes pour avoir sous la main une terre cultivée & ameublie. »

» Il faut dans cette opération avoir grande attention de ne pas recouvrir entièrement de terre les couches ; leur extrémité doit sortir de terre, sans quoi la branche couchée périroit entièrement, au lieu qu’avec cette attention, la tige tendre qui se trouve en terre se convertit en racines. Il faut un certain temps pour que ces branches converties en racines puissent être aussi abondantes en couleur que les vraies racines ; c’est pour cela que je conseille de ne point coucher toutes les pousses, mais d’en conserver quelques-unes sur chaque pied qui deviendra par ce moyen plus vigoureux & qui produira de belles racines, parce que les plantes poussent en racines, proportionnellement à ce qu’elles produisent hors de terre. »

» Quand il y a trois rangées sur chaque planche, la seconde doit être couchée entre les pieds de la première, comme on vient de le dire ; les couches étant recouvertes de deux pouces de terre, on couche les branches de la troisième rangée entre les pieds de la seconde, on les recouvre de terre, & par ce moyen la planche se trouve élargie d’un pied aux dépens de la plate bande. Lorsqu’il n’y a que deux rangées plantées sur une planche, on couche l’une à droite & l’autre à gauche ; ce qui élargit les planches de deux pieds & rétrécit proportionnellement les plates-bandes. »

« Pour faire promptement cette opération, après avoir donné un labour aux plates-bandes avec une charrue à versoir qui relève la terre du côté des planches, on formera de chaque côté, & tout au bord des planches, un petit sillon pour recevoir les couches qu’on recouvrira d’un peu de terre avec la houe. »

» Lorsque les années sont très-favorables à la garance, il arrive quelquefois que les tiges couchées se sont encore élevées d’un pied ; alors on peut répéter les opérations qu’on vient de décrire & les planches se trouvent une seconde fois élargies d’un pied aux dépends des plates-bandes. Il arrive rarement qu’on se trouve dans une aussi heu-