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nomie est de ne jamais perdre le temps.

Ce genêt fournit encore une ressource utile. Dans les cantons où l’on donne à la vigne des échalas, il sert à lier le sep & les sarmens. Il suffit de le mettre tremper dans l’eau pendant quelques heures, afin de lui rendre son élasticité. Cette espèce de genêt ne mérite donc pas le mépris qu’on a pour elle.


Genêt Des Teinturiers. M. von-Linné le nomme genista tinctoria, & M. Tournefort ajoute l’épithète de germanica, sans doute parce qu’il est commun en Allemagne, quoiqu’il le soit également en France.

Fleur, en papillon, l’étendard ovale, aigu, éloigné de la carène, totalement réfléchi ; les ailes oblongues, lâches, plus courtes que les autres parties ; la carène droite, échancrée, plus longue que l’étendard ; le calice d’une seule pièce est presque divisé en deux lèvres.

Fruit. Légume presque rond, renflé, à une seule loge, les semences souvent en forme de rein.

Feuilles simples, entières, en forme de lance & sans pétiole.

Racine, ligneuse.

Port. Arbrisseau qui s’élève moins que les deux précédens ; les rameaux sans épines, cannelés, cylindriques & droits ; les fleurs jaunes disposées en espèce d’épi au sommet des rameaux ; au-dessous des fleurs on trouve des feuilles florales ; les feuilles sont alternativement placées sur les tiges.

Lieu. Les terres sablonneuses, arides & incultes ; fleurit en avril, mai, suivant les climats.

Culture. Il n’en exige aucune. On le multiplie par semences.

Propriétés économiques. On cueille les sommités fleuries, & les teinturiers s’en servent pour faire la couleur jaune.

Propriétés médicinales. M. Vitet dans sa Pharmacopée de Lyon, s’exprime ainsi : les fleurs & principalement les feuilles font couler les urines avec plus de promptitude, & rarement en plus grande quantité ; elles entraînent quelquefois de petits graviers, encore doit-on l’attribuer plutôt à l’abondance de la boisson, qu’à l’effet du remède : elles n’ont jamais détruit les tumeurs dures & plus ou moins sensibles du foie & de la rate, ni du mésentère. Elles ne sont en général d’aucune utilité dans toutes les espèces d’hydropisie. Il n’en est pas ainsi de la lessive spiritueuse des cendres du genêt. Elle excite abondamment le cours des urines, favorise la curation du gonflement du foie & de la rate ; elle convient dans l’ascite par rétention d’humeur excrétoire, l’ascite par obstruction du foie, par obstruction de la rate, dans l’hydropisie de matrice, l’œdème des jambes, l’anazarque & le rhumatisme par humeurs séreuses. Lorsque la lessive des cendres de genêt n’agit pas avec succès sur les voies urinaires, elle semble accroître les symptômes de l’hydropisie, augmenter la soif du malade, diminuer les forces vitales. Elle a cela de commun avec celle des cendres des végétaux, qui donnent par la combustion beaucoup d’alcali fixe. (Voyez ce mot).

On donne les fleurs sèches depuis demi-drachme jusqu’à demi-once en infusion dans six onces d’eau.