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avec de vieux tuileaux dont la convexité naturelle produit beaucoup d’interfaces ; d’ailleurs, leur peu d’épaisseur ne garde ni ne réfléchit suffisamment de chaleur ; le mortier qui leur sert d’union se détache aisément ; mais la brique étant supérieure à cause de sa forme, de son épaisseur, la chaleur qu’elle garde & qu’elle communique au pain, doit la faire préférer au tuileau.

À l’égard des matériaux dont on se sert pour former le massif & le contour du four, il faut se servir des ressources que l’on a, & faire toujours en sorte que la maçonnerie ait une certaine épaisseur, afin que toute la chaleur s’y concentre, & ne se perde pas au-dehors.

Il seroit à désirer qu’on pût trouver une matière plus solide pour l’âtre ; on prétend qu’il existe en Allemagne une pierre particulière employée à sa construction, & qui remplit très-bien ces vues pendant un très-grand nombre d’années, sans s’user : en attendant qu’on fasse une pareille découverte en France, tenons nous-en à la terre usitée à Paris pour cet objet, & comme il seroit possible d’en préparer une semblable dans les endroits, où la nature n’en présenteroit pas de teinte mélangée, nous allons en décrire la composition.

De la terre à four. La terre à laquelle les boulangers donnent ce nom, & dont ils se servent pour former l’âtre, est très-composée. M. Darcet, dont le nom & les travaux font connus si avantageusement des chymistes, a fait l’analyse de cette terre, & il en résulte qu’elle contient de l’argile, du sable, de la terre calcaire, des débris de coquilles, une quantité considérable de terre végétale, & une terre ochreuse martiale que le mélange de toutes ces espèces de terres différentes, rend la terre à four fusible à un très-grand feu, & très-propre aussi à l’usage auquel elle est destinée. Ainsi, en faisant un mélange d’un cinquième de bon sable, de deux cinquièmes de terre argileuse qui ne rougisse pas beaucoup au feu, & d’à peu-près autant de terre calcaire, on pourroit se flatter d’avoir une terre propre à la construction de l’âtre. M. Darcet pense même qu’il seroit possible de retrancher utilement la terre calcaire, & augmenter d’autant celle du sable, sur-tout si l’argile qu’on auroit sous la main, se trouvoit avoir beaucoup de liant & peu de terre martiale.

De la construction du four. La plupart des ouvriers occupés de la construction du four, ignorent la forme & la proportion qu’il doit avoir : aussi cette construction, qui appartenoit autrefois au premier maçon venu, est-elle aujourd’hui l’objet unique d’une classe d’hommes désignés à Paris sous le nom de fourniers ; c’est ainsi que les arts se perfectionnent lorsque leurs différentes branches sont exercées par différens artistes ; cependant tout maçon intelligent, à qui on fournira la place d’un four, pourra l’exécuter avec facilité.

Les fours, dont on voit ici la description & la gravure, sont ceux de l’École de boulangerie de Paris ; ils ont onze pieds de profondeur sur dix de largeur ; on cuit dans chacun quatre-vingts pains longs de quatre livres, & deux cents trente d’une livre.